En suivant la flotte (Follow the Fleet)

Mark Sandrich, 1936 (États-Unis)

C’est acquis, En suivant la flotte est extraordinaire pour son duo d’acteurs principaux, les chansons d’Irving Berlin qui nous font aimablement swinguer (plusieurs sont des standards aujourd’hui) et pour ses danses qui nous laissent plein d’une admiration béate. Mais la comédie musicale de Mark Sandrich plaît encore pour d’autres raisons, ses personnages féminins déterminés notamment.

Sherry (Ginger Rogers) ne doit sa dépendance professionnelle et financière qu’à elle-même. Son amoureux, Bake (Fred Astaire) ne lui cause que du tort sur ce plan-là. Elle exprime d’ailleurs cette volonté de se débrouiller seule pour sa simple satisfaction personnelle. Sherry a d’ailleurs jadis refusé sa main à Bake. Quand ils se retrouvent et qu’il lui propose de l’embrasser pour devenir amis, elle lui réplique « Commençons d’abord par être amis ». Elle va jusqu’à manigancer une petite vengeance contre lui… Finalement, il n’y a que la danse pour les réunir et exprimer pour eux leur amour. Quand on voit leur parfait jeu de miroir sur le titre Let yourself go, il n’y a même que la danse pour les mettre sur un pied d’égalité.

La sœur de Sherry, Connie (jouée par Harriet Hilliard), n’est pas moins entreprenante. Au guichet d’une boîte de nuit, alors que les marins débarquent et n’ont de but en permission que de conquérir des filles, Connie se trouve bloquée à l’entrée (les bonnes mœurs de l’époque imposent aux Américaines de ne pas sortir sans être accompagnées d’un homme). Qu’à cela ne tienne, pour passer, elle se sert du matelot retardataire qui se trouvait derrière elle, celui-là même (Randolph Scott) auquel elle veut ensuite se fiancer. C’est en effet pour les beaux yeux de ce marin que Connie enfile une robe de soirée et fait sensation. C’est à nouveau pour ce marin qu’elle entend racheter et remettre à flot un grand bateau familial.

Le comportement des deux sœurs et leurs répliques parfois piquantes placent discrètement le film du côté des femmes. De plus, avec humour, le réalisateur et les auteurs, Allan Scott et Dwight Taylor, semblent se moquer du code Hays (on hésite à ajouter à nos arguments une danse entre hommes organisée par Astaire sur le pont du bateau de guerre). Astaire et Rogers en sont à leur cinquième collaboration. C’est la troisième du couple avec Sandrich. Dans sa biographie, Astaire se demande si les gens ne vont pas se lasser. Mais presque quatre-vingt dix ans plus tard, et déjà vu et revu, on ne s’en lasse pas.

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