Twilight – Chapitre 3 : hésitation (Eclipse)

David Slade, 2010 (États-Unis)

Ternes minauderies sur lesquelles les techniciens, suivant l’inconstance des producteurs eu égard à la fabrication, se relaient sans esprit ni fantaisie [1], le long crépuscule imaginé par Stephenie Meyer est celui d’une adolescence immaculée qu’une morsure appréciée ou bien un loup croisé aura définitivement chassé.

QUEL SANG ?
Purifié de sa violence originelle, le vampire souffre ne plus exhiber ses crocs aux chalands. Le criminel dissimule son appendice et les victimes ne tachent plus. Le sang a quitté leurs corps. Têtes arrachées et torses ouverts n’éclaboussent pas. Blessés, les êtres pétrifiés se cassent comme du bois mort. Les seules gouttes qui perlent sont alors celles de la vierge Bella Swann (Kristen Stewart), un sang dont l’odeur fait l’effet de phéromones auprès des garous sémillants et des autres scintillants. Le précieux liquide est également symbole d’impureté (la menstruation expression d’une possible sexualité) et, devenu rare, il en est presque paradoxalement valorisé.

UNE RECOMMANDATION HYGIÉNIQUE ?
Bella n’est pas Diane et seul Edward (Robert Pattinson, appelé Cullen par antinomie ? [2]) la préfèrerait chaste (« sors tua mortalis, non est mortale, quod optas »). Le cygne lui-même se lasse de la blancheur de son plumage [3] et l’excitation du garou Jacob (Black !) à la vue de l’oiseau rare en dit long sur ses fantasmes (les Indiens à sang chaud, résidus d’une sauvagerie qu’il faut encore dompter ?)… Pour répondre à la jeune fille qui s’impatiente, Edward n’accepte donc de la mordre qu’après mariage (surgissement d’un idéal chrétien suranné et très critiqué ; les croyances mormones de l’auteur ont souvent été citées).

Twilight ou la dégradation du vampire. Nous ne nous opposons ni au rajeunissement du vampire ni à son charme grandissant (d’abord Schreck puis, décennies après décennies, Lugosi, Lee, Oldman, Pitt et Cruise). Mais diable laissons-le monstre !

Enfin, insupportable horreur, pourquoi tuer Bryce Dallas Howard ?

[1] Sorti d’un village rougi par des vampires énervés (30 jours de nuit, 2006), David Slade prend les commandes du troisième épisode. Il succède à Catherine Hardwicke (Fascination, 2008) qui est une familière des adolescents (Les seigneurs de Dogtown, 2005, Thirteen, 2003), et Chris Weitz (Tentation, 2009, réalisateur entre autres d’A la croisée des mondes, 2007, et scénariste de La famille Foldingue, 2000).
[2] En anglais, to cull : massacrer, abattre, sélectionner.
[3] « Le cygne [dans la mythologie germanique] est pleinement l’oiseau de la métamorphose, du changement d’état […]. Voir s’approcher un cygne n’est donc pas toujours un bon présage. Il peut annoncer un châtiment ou un voyage aux pays des morts, ou bien témoigner d’une métamorphose cruelle : celle d’un humain injustement victime d’un enchantement » Michel Pastoureau, « Par avis cygni », dans C. Leonardi, F. Santi, Natura, scienze e società medievali, Micrologus’ Library 28, Sismel, Edizioni del Galluzzo, 2008, p. 234-235.

Des plus anciens aux nouveaux nés, profitons de Twilight pour rappeler la colonie de vampires qui peuple La Kinopithèque :

Vampyr (Dreyer, 1932), The return of the vampire (Louis Friedlander, 1944), La maison de Dracula (Erle C. Kenton, 1945), I vampiri (Riccardo Freda, 1956), La planète des vampires (Mario Bava, 1965), Entretien avec un vampire (Neil Jordan, 1994), Blade II (del Toro, 2002), Underworld (Len Wiseman, 2003), Je suis une légende (Francis Lawrence, 2007), Morse (Tomas Alfredson, 2008), La comtesse (Julie Delpy, 2009), Thirst (Park Chan-wook, 2009)…

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