Tout ce que le ciel permet (All that heaven allows)

Douglas Sirk, 1955 (États-Unis)

Tomber amoureuse du jardinier, beau brun au teint hâlé et au sourire éclatant (Rock Hudson). Est-elle sérieuse ? Dans cette petite ville de la Nouvelle-Angleterre que le clocher de l’église domine dès le premier plan, rumeurs et commentaires du voisinage vont bon train. Cary Scott (Jane Wyman) s’en soucie-t-elle ? Pas vraiment, c’est plutôt la réaction de ses grands enfants qui la tracasse (par sa tenue et sa façon de tout intellectualiser, la fille pourrait être une sœur d’Audrey Hepburn dans Drôle de frimousse de Donen, 1957). Hostiles à remplacer leur père par un homme bien plus jeune que leur mère et dont ils n’envient pas la situation sociale, ils accueillent Ron le prétendant avec froideur. Cary finit par céder, renoncer à Ron, jusqu’à se rendre compte qu’elle a réagit à ce qui n’était qu’un caprice, que ses enfants quittent bientôt le domicile familial pour vivre leur propre vie et qu’elle risque de se retrouver seule… C’est en voyant son terne reflet sur le poste de télévision que vient de lui offrir son fils (!) qu’elle réalise son erreur.

Sirk met adroitement le spectateur en empathie avec son personnage féminin (dont chacun des troubles est filmé au travers d’un miroir, derrière une fenêtre ou des rideaux). Comment alors ne pas marquer son désappointement lorsque l’on croise Ron avec une autre (aurait-il aussitôt remplacer notre héroïne ?) ou bien quand celui-ci manque ses retrouvailles avec Cary et chute d’une falaise ? Tout cela doit-il finir dans le désespoir ? Peut-être pas…

Le Technicolor est éclatant (les paysages d’automne font penser à ceux filmés par Hitchcock dans le même Etat pour The trouble with Harry, sorti trois mois auparavant aux États-Unis) et la photographie minutieusement étudiée. L’histoire est moins complexe que dans Écrit sur du vent (1956) et la critique des mœurs moins amère que dans Le mirage de la vie (1959), le mélo n’en demeure pas moins parfait.

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