Thor : Ragnarok

Taika Waititi, 2017 (États-Unis)

SMASH GLADIATHOR !

Comme un bon vin, Thor se bonifie avec le temps. Au troisième épisode, et après un détour par Le monde des ténèbres (Taylor, 2013), qui semble avoir ouvert une faille dans certains esprits, son bouquet de saveurs s’est transformé pour offrir un ensemble plus équilibré, à la fois plus puissant et plus… liquoreux. Ou complètement facétieux. La version Thor de Branagh (2011) n’avait su trouver le ton, ni laisser sa place à un auteur écrasé entre deux pages de BD. Le résultat nous laissait une gueule de bois (et un cachet d’aspirine !) sans même avoir eu l’ivresse. Cette fois, la fin des temps des mythes nordiques, le Ragnarok, est précédé d’un flot déversé, pas toujours très bien décanté mais aux vapeurs malgré tout enivrantes. Ragnarok rattrape donc les erreurs passées et, sans se défaire toutefois complètement d’une balourdise de barbares, ouvre un espace comme une cantina plutôt respectable où toutes les races de la galaxie se côtoient (on pourrait se croire d’ailleurs sur un vaisseau des Gardiens de la galaxie ou dans une visite fortuite d’un des multiples satellites Star Wars). Tous les verres se lèvent et les choppes d’elles-mêmes se remplissent ! A la bonne heure.

Des bouderies de Hulk aux fameux smashes, le tout sur fond d’electro-Ragna-rock, c’est un peu imbécile et régressif, pourquoi le nier, mais une fois n’est pas coutume, ça fait du bien. Grâce aux lâcher-prise de Banner, le spectateur adulte reverdit et l’ado en nous savoure ! Par Odin, quel épisode ! Quoique mieux vaut laisser ce vieux bouc assagi d’Odin au seuil de la mort, dans l’attente de son corbeau pour l’accompagner au Walhalla (Hopkins était insupportable quand il n’était pas dirigé mais redevient respectueux en vieux barbu en bord de falaise norvégienne). Le père disparu, Mjöllnir brisé, Asgard détruite et, pire que tout, les cheveux… coupés, voilà le prince Chris Hemsworth débarrassé de ses oripeaux pour mieux s’affirmer roi. A ses côtés, une nouvelle équipe est constituée, substitut des Avengers (le Captain n’est plus là ni pour diriger, ni pour empêcher les grossièretés…), une cour tout autant qu’une armée pour le roi viking : Loki (Tom Hiddleston) prince malicieux à l’ego malmené, Hulk l’incroyable qui s’assied volontiers sur ses diplômes (Mark Ruffalo) et la dernière des valkyries par hasard rencontrée (Tessa Thomson)… Une fois l’épisode de la planète dépotoir derrière eux (Sakaar que domine le Grand Maître Jeff Goldblum, dictateur frappé et amateur de cirque… mais bientôt destitué par une révolution d’esclaves motivés), retour fissa à Asgard pour empêcher la déesse de la mort, belle aux cornes rétractiles et au déhanché assassin, Hela fille cachée d’Odin, d’étendre son pouvoir…

A temps pour la terrasser grâce au Balrog réveillé par un riff génial de Page (The immigrant song pour accompagner l’histoire de cette diaspora asgardienne), mais trop tard pour que l’actrice, Cate Blanchett plus vénéneuse que jamais, n’ait pas déjà atteint le cœur du spectateur. Et pendant ces temps eschatologiques, à Hulk de jouer contre Fenrir, loup géant et fils de Loki (mais la mythologie suivie par Marvel est allègrement dévoyée) et ici réduit à un monstre de plus à courroucer. Lors du Ragnarok, Thor foudroie divinement ses adversaires et, depuis l’espace, probablement grâce à la distance, finit bien par nous électriser. Et à présent, « The hammer of the gods will drive our ships to new lands » !

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Une réponse à “Thor : Ragnarok”

  1. Alors finalement toi aussi tu as dansé le Ragnarok 🙂
    Plus Led que Zep, il est vrai que le ton régressivement jouissif de cet ultime opus asgardien fait plaisir ! « Une nouvelle coupe ça change tout » disait aussi Samson (pas Véro, l’autre avec sa Dalida). 😉

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