The walk, rêver plus haut

Robert Zemeckis, 2015 (États-Unis)
Walk


SURTOUT NE REGARDEZ PAS EN BAS !


The walk refuse une quelconque audace et préfère s’affaler sur une trame convenue. Robert Zemeckis reprend tout de l’idée du projet à sa réussite et présente l’ensemble en une série de flash-backs accrochés à un fil entre la Statue de la Liberté et Manhattan. Ce plan carte postale est à la fois étonnant et laid : dans un cadre bleu, hissé sur la flamme de la Liberté, le souvenir des Twin Towers en arrière-plan, Joseph Gordon-Levitt nous raconte son histoire de funambule sans jamais parvenir à nous intéresser. En dépit de la passion du personnage et de l’illégalité d’un projet fou, rien n’a de suspense, rien ne nous enlève… ou si peu.


walk-bafouille
« Ppppp… ppppe…pppe… Peut-être qu’il vaudrait mieux que j’repasse à l’anglais. »


En terme de scénario et de réalisation, ceux qui font le film, au moins durant une heure et demi sur deux, font le choix d’une planche entre deux tabourets plutôt que celui d’un câble tendu entre les tours du World Trade Center. Ainsi, parmi les grossièretés, l’enfance difficile du petit funambule Philippe (Gordon-Levitt donc) ou la romance parisienne à coup de guitare sèche et d’averse mouillée. En matière d’images, dans la capitale touristique et davantage encore dans la campagne environnante, les couleurs sont affreuses, baveuses, filtrées… Cependant le film est plus douloureux encore à écouter à cause de l’accent affreux des acteurs américains grimaçant d’application pour se faire passer pour de vrais Français. Par ailleurs, si on a du mal avec Charlotte Le Bon en mode petite frenchy (ou cousine d’Amélie Poulain), que l’on trouve Ben Kingsley insupportable en Papa des foires (au moins quand il jouait le Mandarin dans Iron Man 3, il était au fait de sa supercherie), et je passe sur les seconds rôles, le pire est laissé au pauvre Gordon-Levitt.


walk-grimace
« Et là j’vous emporte ?
– Euh non, toujours pas. »


Alors qu’il était très correct chez Nolan, aux côtés de DiCaprio (Inception, 2010) ou en futur Robin (Dark knight rises, 2012), comme dans le Looper de Johnson (2012), pour un premier rôle, l’acteur manque terriblement de charisme. De plus, comme on lui a fait l’allure de Jim Carrey dans Dumb and dumber (Farelly, 1995), on ne peut pas dire qu’il soit très charmeur et devient même, par sa dégaine et son parler, assez pénible à suivre… Sauf, peut-être, passé un certain temps… Après Paris, après un faux film de braquage avec recrues, entraînement et repérages, dans la dernière demi-heure justement : enfin haut perché entre les deux tours, pendant que Zemeckis retrace un mythe américain (architectural autant que politique) sur des verticales depuis gommées, l’acrobate est silencieux et concentré, il glisse sur son fil avec légèreté, les perspectives et les horizons offrent de belles vues aériennes et on souffle enfin au-dessus du reste.

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