Terminator 2 : le Jugement dernier

James Cameron, 1991 (États-Unis)

Pour la protection ou la destruction de John Connor (Edward Furlong), indispensable atout de la résistance humaine dans une apocalypse future peuplée de machines, Arnold Schwarzenegger et Robert Patrick s’affrontent. Le premier, le T-800, est un organisme cybernétique, un endosquelette métallique sur lequel ont été greffés des tissus vivants. Il possède des fichiers très détaillés, comprend et assimile les informations les plus complexes, ainsi une définition de la nature humaine ou apprécier la valeur d’une vie. Le second, le T-1000, est un cyborg en métal liquide capable de tout imiter, mais seulement d’imiter. Autant dire qu’il sera plus difficile de faire la conversation au second.

Tout comme Avatar en 2009, Terminator 2 (qui était également à sa sortie un des films les plus chers au monde), faisait franchir à l’histoire du cinéma un pas supplémentaire dans le domaine de la technique par l’emploi du morphing et par conséquent, davantage que par le passé, affirmait l’avènement de l’ère numérique. C’est pourquoi, on peut s’amuser à voir dans les deux robots les représentations de deux cinémas qui aujourd’hui tant bien que mal coexistent, l’un mécanique fait de colle et de pellicules sur lesquelles tout peut être impressionné, l’autre virtuel et dématérialisé, produit de synthèse en recherche de fond qu’une 3D aujourd’hui peine encore à creuser.

Cette guerre déclarée entre les hommes et les machines intéresse au cinéma dès lors que le monde décrit ressemble encore au nôtre et que les visions d’apocalypse gardent la fugacité d’une impression : le cauchemar de Sarah Connor (Linda Hamilton), derrière un grillage, se voyant jouer avec son fils sur une aire de jeu et l’instant d’après doublement soufflée par le feu nucléaire qui balaye Los Angeles et réduit la ville en un tapis de cendres, nous secoue d’un frisson et, une fois l’héroïne réveillée, rend le présent plus incertain. Si Terminator 3 de Jonathan Mostow, bien que sur un mode plus décalé, lançait ses robots à notre époque et poursuivait la course jusqu’au Jugement dernier (la guerre déclenchée par Skynet), Terminator Renaissance de McG (2009) s’en échappait et, faisant table rase du contexte d’origine, s’aventurait à situer son récit dans des temps futurs trop éloignés du nôtre pour ne pas perdre de vue l’intérêt diégétique des films de Cameron. De la même manière, Matrix des frères Wachowski (1998-2002) ne passionnait plus dès l’instant où le récit se développait dans le monde réel, en dehors des pixels qui simulaient notre quotidien.

Plus familial et moins sombre que la première machine (Terminator, 1984), Terminator 2 se base avant tout sur un scénario de science-fiction parfait, une boucle temporelle assez captivante. Attaque massive d’effets spéciaux, usage mesuré de répliques tonitruantes, rafale de coups et destructions en chaîne : le spectacle est total et laisse quelques-unes des meilleures scènes d’action du cinéma des années 1990.

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3 commentaires à propos de “Terminator 2 : le Jugement dernier”

  1. Bonjour, personnellement, j’ai quand même préféré le 1er car c’est le combat d’une femme contre une machine et puis c’était l’attrait de la nouveauté, il n’y avait pas eu ce genre de film jusqu’à présent. Bonne après-midi.

  2. Comme Dasola, je reste très attachée au premier, peut-être parce que j’étais moi-même adolescente lorsque je l’ai vu, que le thème était vraiment original pour l’époque, puis j’aimais aussi les rondeurs de Linda Hamilton, avant qu’elle ne se transforme en machine de guerre dans les suivants (bien qu’impressionnante).

  3. Belle idée que celle de Tom Brauner de voir l’adolescent John Connor incarner les années 1990, plus « sages », qui tente de domestiquer l’héritage ’80s, le Terminator (à lire l’excellent article posté sur Under the deep, deep sea en août 2017).

    De ce fait en prolongeant l’idée, le robot liquide incarnerait le futur (de la technologie), encore incertain (il n’a pas de forme qui lui appartienne et, quand le brasier le consume, montre bien toute son instabilité, son caractère changeant), mais toujours menaçant.

    Et si en parallèle de cette lecture timidement technophobe (et quelque peu paradoxale, puisque Cameron reste indéniablement séduit par les nouvelles technologies), on tentait une lecture plus en rapport avec le contexte historique : les Etats-Unis sortis de la Guerre Froide (l’enfance du réalisateur, l’idée du feu nucléaire comme apocalypse dès 1984 et le premier Terminator) s’affirment première puissance mondiale et gendarmes de la planète… Cameron / Los Angeles s’interroge : « il n’y a de destin que celui dont nous sommes maître ».

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