Seul sur Mars (The Martian)

Ridley Scott, 2015 (États-Unis)

C’est comme si Gravity et Mamma Mia ! avaient enchaîné une série de rotations au-dessus de la Terre et, à force d’accélération sur une même trajectoire, avaient fini par fusionner ; Meryl Streep et les autres éjectés dans l’espace et remplacés par Matt Damon et Jessica Chastain, plus à même de remplir les objectifs astros et discos mais séparés deux heures et demi ou quelques années durant, car avec l’espace-temps tout est relatif, avant de se retrouver au cours d’une mission sino-américaine un peu mutine à tournoyer ensemble dans une valse stellaire dont ils se seraient volontiers passés.

Sur le papier et ainsi présenté, le dernier Ridley Scott a l’air d’une belle merdouille. D’autant que l’on trouvera facilement d’autres éléments pour nous amuser, notamment tout ce qui concerne la vulgarisation scientifique, une grosse agrafeuse qui fait le parcours entre le directeur de la NASA et la chargée des relations publiques, ou ailleurs dans l’espace un plan d’action élaboré sur une table après le repas avec une salière censée rattrapée une poivrière (on peut alors se rappeler la feuille de papier roulée pour figurer l’espace-temps dans Interstellar et à tant qu’y être la fausse pub pour Toniglandyl des Nuls). Quoique Seul sur Mars se veuille crédible et donc très porté sur les sciences car Matt Damon l’astronaute botaniste (c’est marqué sur le dossier qu’il nous met bizarrement sous les yeux mais nous l’aurions cru sur parole) fait appel à tout un savoir scientifique que nous serions bien en peine d’évoquer autrement que de façon très vague pour survivre sur Mars, autrement dit respirer, se nourrir, se loger et boire suffisamment d’H2O (on a quand même retenu des trucs), si possible le tout sans se faire accidentellement cramer la face. Bien sûr, pour ne jamais lasser le spectateur de tant de science exposée, les dialoguistes ont ponctué les répliques de références populaires, Abba, Le seigneur des anneaux ou Iron Man (à deux mois du Réveil de la force, on peut s’estimer heureux que les accessoiristes n’aient pas glissé un sabre laser dans les effets de l’astronaute).

Toutefois, Matt Damon vous le dira, sur Mars, avec de la merde, on fait pousser des patates. Et, en effet, Seul sur Mars n’est pas si mal, nettement meilleur à mon goût que son équivalent insulaire (Seul au monde de Zemeckis, 2000). Loin de tout questionnement métaphysique, Ridley Scott propose un spectacle plaisant. Il maîtrise parfaitement les suspenses, les temps de pause (le quotidien du terrien abandonné) et les quelques moments (peu nombreux) d’action pure. Pas d’étirement du temps, les deux heures et demi passent très bien et si la leçon principale de Gravity a été retenue (l’espace est toujours très hostile à l’homme), le film n’abandonne pas sa conquête, faisant preuve dans sa forme d’un tout nouvel optimisme spatial.

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