Rio Lobo

Howard Hawks, 1970 (États-Unis)




Howard Hawks ferme sa filmographie avec ce dernier western. Rio Lobo est moins efficace que La captive aux yeux clairs (1952) ou que Rio Bravo (1959). L’humour y est assez forcé, les relations entre les personnages un peu superficielles et l’intrigue plutôt lâche. Cependant, plusieurs scènes d’action sont parfaitement mises en scène et l’ensemble se voit encore avec plaisir.

La séquence d’ouverture est la plus réussie du métrage. L’attaque de la locomotive à vapeur surprend par toute l’ingéniosité déployée par les confédérés attirés par l’or convoyé et face à laquelle les Nordistes, et en premier lieu le colonel responsable de la protection du chargement, Cord McNally (John Wayne), restent impuissants. Les tuniques grises mettent en pratique et avec succès toutes les ruses de Sioux pour délester les bleus de leur or : graisse sur les rails pour que le train patine, nid de frelons jeté dans un wagon pour que ses occupants l’évacuent, tige de roseau pour respirer sous l’eau… Le montage et le rythme de ces vingt premières minutes, qui permettent la rencontre entre le colonel McNally et le capitaine adverse Pierre Cordona (Jorge Rivero) ainsi que l’échange alterné entre ces soldats de coups et de courtoisies, engagent sans peine le spectateur a poursuivre le récit.

La guerre de Sécession prend fin en 1865 et les rancunes passées disparaissent. Après une étape satisfaisante pour le croque-mort (il s’en frotte les mains), McNally et Cordona poursuivent leur route ensemble et entre leurs montures s’insère celle d’une dame, Shasta Delaney (Jennifer O’Neill). Tous trois traversent des horizons de cactus sur fond de soleil couchant, bivouaquent en plein désert texan et se rendent à Rio Lobo, ville opprimée et soumise à un shérif corrompu, pour y faire justice. Une séquence de retranchement dans une prison, une autre d’un assaut lancé contre un ranch, une troisième d’échange de prisonniers terminent le film sans autre surprise. D’autres personnages prennent place dans l’histoire comme Tuscarora Phillips (Christopher Mitchum, le fils de Robert), le vieux Phillips (Jack Elam), Ketcham (Victor French), le sympathique dentiste (David Huddleston qui est obligé de faire vraiment mal à John Wayne dont il dit qu’il est « trop mauvais acteur » ; ce qui est aussi relevé par Jean-Luc Lacuve dans son article sur le Cine-club de Caen). De même, au fur et à mesure que le scénario avance, Susana Dosamantes et Sherry Lansing, qui sont deux belles femmes dans les rôles de Maria Carmen et d’Amelita, font de plus en plus d’ombre à Jennifer O’Neill, avec qui Hawks s’était vexé en cours de tournage (Dvdclassik).

Hawks tourne des westerns depuis les années 1940 et Wayne depuis les années 1930. Tous deux sont en fin de carrière. Rio Lobo profite de la maîtrise du cinéaste, même si elle s’avère moins rigoureuse que par le passé (citons son avant-dernier film et western, El Dorado sorti en 1967) et du charisme du cowboy vieillissant. La musique de Jerry Goldsmith, entre un début latino et mélodique (le générique est composé d’un ensemble de gros plans sur la guitare sèche et la main du musicien) et les envolées épiques qui accompagnent plusieurs chevauchées, participe à la valorisation de l’ensemble.

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