Populaire

Régis Roinsard, 2012 (France)

Populaire

 

Les talons suivis à vive allure, jupe rouge plissée arrêtée à la cheville, on pense au regard de Truffaut sur Fanny Ardant dans le générique enthousiaste de Vivement dimanche (1983), bien que Roinsard remonte un peu plus loin dans le temps puisque son film se déroule en 1958. Cependant, Populaire n’encourageait guère par sa reconstitution rétro soignée, coiffures, vitrines et voitures en copies d’époque, ni par sa trame, un concours de vitesse à la machine à écrire… Par son titre, il laissait même craindre la mauvaise comédie portée par des acteurs en roue libre (auraient pu figurer à l’affiche Frot, Viard, Luchini…). Nous restions donc circonspects. Et pourtant cette démarche introductive, vive et légère, qui achevait un générique déjà très pop, ainsi que cette demoiselle qui dans la rue croisait Tati à vélo (Mon oncle, 1958) et se rendait à un entretien en espérant devenir la secrétaire pleine de pep d’un petit assureur gris, nous incitèrent à patienter.

Bien sûr Déborah François n’est pas tout à fait Audrey Hepburn et Romain Duris (malgré l’Arnacoeur de Chaumeil, 2010) pas davantage Fred Astair ou Cary Grant. Ainsi, même si Drôle de frimousse (1957) et Charade (1963) de Donen sont indirectement évoqués, ni danse (une seule en vérité), ni meurtre dans Populaire. Chez Régis Roinsard, simplement les mains sur le clavier et le chronomètre lancé au rythme de la Dactylo rock des Chaussettes Noires (on s’amuse d’ailleurs un instant de la présence d’Eddy Mitchell au bras de Miou-Miou dans le rôle des parents de Duris). Le personnage de Déborah François, Rose Pamphyle (tout un programme), lutte contre la vie qui lui est imposée par des origines modestes et rurales (« jeune fille prête à marier ») et s’agrippe donc tant bien que mal à l’ascenseur social (My fair lady de Cukor, 1964, pour citer à nouveau Hepburn). Mais le scénario nous vend le secrétariat comme la pointe de la modernité dans les années 1960 et ramène le film vers une misogynie qu’il souhaiterait (« mon chou ») certainement critiquer… Bérénice Bejo avec les petits à la maison et derrière ses fourneaux. Déborah François totalement libre… mais seulement de ses dix doigts sur le clavier…

Néanmoins, ce qui distingue cette dragée d’une autre comédie populaire française, ce sont ses références, amenées sans sophistication ni grande prétention ; même si le réalisateur ose tout de même la reprise d’une scène de Vertigo d’Hitchcock, nous sommes toujours en 1958, mettant en avant dans une chambre d’hôtel baignée de lumières rouges et bleues cette fois, le Pygmalion et sa créature. Références qui disent simplement toute la cinéphilie de Roinsard, ce qui pour le spectateur n’est pas désagréable. Au final, c’est charmant, vif mais probablement aussi vite désuet que le contexte décrit.

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