Mon séducteur de père (The Pleasure of his Company)

George Seaton, 1961 (États-Unis)

L’acteur danseur rédige son autobiographie alors qu’il est en train de tourner ses toutes dernières comédies musicales, Drôle de frimousse (Donen, 1957) et La Belle de Moscou (Mamoulian, réalisé la même année). Dans En revenant sur mes pas (1990 dans sa traduction française), Mon séducteur de père n’est cité qu’en postface. Au tournant des années 1960, sauf exception, les films dans lesquels joue Fred Astaire ne sont plus dansés ni chantés. Ses rôles sont plus strictement dramatiques.

Une scène de bal toutefois, assez courte sur toute la durée du film, est l’occasion d’un clin d’œil. Alors que le « vieux Pogo » accompagne sa fille Jessica au bal et que celle-ci, interprétée par Debbie Reynolds, lui fait un compliment sur sa façon de danser, une réplique est offerte à Astaire : « J’ai toujours très bien dansé ». Une fille restée à une table et admirative de le voir ainsi conduire Jessica se dit même qu’il n’a rien d’un père quand il danse. Sur la piste, le couple n’offre pourtant pas une démonstration, mais une simple danse.

Le scénario de Mon séducteur de père est adapté de la pièce de Cornelia Otis Skinner et George Seaton laisse à la mise en scène tout son côté théâtral. Il y a bien des plans en extérieur, sur San Francisco et son pont, mais l’essentiel se passe dans une maison, ses grandes pièces, ses longs rideaux, tout rappelle assez bien les décors d’une scène de théâtre. De même, les échanges et les interactions se font entre quelques personnages seulement et l’ensemble est très dialogué.

Astaire n’a pas un rôle particulièrement aimable. Biddeford Poole, dit Pogo, a tôt abandonné sa fille Jessica et sa femme Kate pour courir le monde et profiter de sa fortune. Il revient dix ou quinze ans plus tard pour assister au mariage de sa fille. Son ancienne épouse (Lilli Palmer) s’est remariée, mais elle pourrait se laisser à nouveau séduire par le beau parleur. Sa fille, elle, lui tombe dans les bras, et est un peu facilement heureuse de le retrouver. Seuls les mari et futur mari (Gary Merrill et Tab Hunter) voient cela d’un mauvais œil.

En 1961, le rentier dilettante n’est plus tant apprécié. Roger le fiancé est un riche éleveur californien. Il est sérieux et travailleur. C’est un « self made man » comme l’Amérique les apprécie. Pogo le lui reproche presque quand tous deux se disputent Jessica. Cependant, le charme dont il fait preuve sur sa fille (comme sur sa femme) finit par être rompu et Pogo à la fin reprend l’avion. Sympathique au premier abord, plus trouble qu’il n’y paraît, le père semble exercer une influence toxique sur son entourage. Ses relations sont toutes ambiguës. Et s’il laisse Jessica à son bien-aimé et repart en voyage, il tire malgré tout profit de la situation. En effet, il vole un tableau, le portrait de sa fille, toute petite, comme s’il voulait en figer le souvenir. Il débauche également le domestique chinois avec lequel il entretient une relation de maître à valet un peu embarrassante.

On doit à George Seaton Le Miracle sur la 34e rue (1947), conte de Noël pas déplaisant mais très convenu. Mon séducteur de père est certes une comédie classique, plutôt agréable, mais son personnage principal laisse une gêne, un trouble qui la complique un tantinet.

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