Mad Max

George Miller, 1979 (Australie)

Les choppers d’Easy rider (Hopper, 1969) et les camions du Convoi (Pekinpah, 1970) ont brûlé leur gomme sur les mêmes routes, non pas celles qui traversent les campagnes arides d’une Australie au bord de la ruine et du chaos, mais celles d’un cinéma à la marge sous Nixon ou Carter et que rejoindront bientôt d’autres véhicules, le poids lourd menaçant de Duel (Spielberg, 1971) ou, la décennie suivante, les machines à tuer de Cameron (1984), Terminator traquant sa cible en voiture de police et au volant d’engins plus imposants les uns que les autres.

Dans ce « vigilente on road », la vengeance de Max devenu fou est droite et sèche comme les routes traversées. Cependant le premier opus n’a pas encore versé dans le post-apocalyptique et, même si le monde décrit est violent, il ressemble toujours au nôtre. Au début du film, Max interprété par Mel Gibson, porte encore un nom (Rockatansky), il a une femme, un travail et un foyer. Dans le film, on reconnaît aussi tous les paysages : comme dans un western, le bourg à l’écart et la ferme isolée. Toutefois, dans ces lieux, on n’est jamais en sécurité. Même dans une voiture, il n’est pas possible de flirter sans être inquiété par une horde de dévoyés motorisés. Et la ville ? Elle n’intéresse plus, une friche où seule la police réside : forces armées aux allures de bandits. Ils sont habillés de cuir noir et roulent dans des voitures trafiquées (la Ford Falcon de Max est gonflée à bloc et rebaptisée l’Interceptor). De plus, ces « autorités » sont prêtes à radicaliser leurs méthodes, mais peut-être davantage dans le but de survivre que dans celui de répondre à une criminalité sauvage qui partout impose sa loi.

Si l’on ne peut se poser nulle part, autant rouler, tracer au milieu d’accidents mortels et se faire vengeance soi-même. A sa sortie, en raison de son « extrême violence », ce petit film à la trame toute simple et aux situations parfois grotesques est classé X. Le film rencontre néanmoins son succès et d’autant plus avec la sortie du second volet (Mad Max 2 en 1982). Fait de sang, de poussière, de vitesse et de grosses cylindrées, la toute puissance de l’asphalte propre aux larges territoires brûleurs de pétrole remise en question après la double crise des années 1970, l’univers ne pouvait que fasciner. Max perd tous ses repères et sa rage va grandissante. La civilisation est prête à sombrer et l’apocalypse à tout emporter.

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