L’incroyable Hulk

Louis Leterrier, 2008 (États-Unis)

Que des studios de production, Universal associé à Marvel, confient la réalisation d’un nouvel épisode des aventures du géant vert à un tout petit faiseur de films comme Louis Leterrier, nous laissait dubitatifs, mais qu’ils oublient, fichtre !, de lui donner un scénario, c’est ballot. Le vilain est très moche et, malgré la masse musculaire du bonhomme, n’a pas la moindre consistance. Le super-héros guère plus. De ce fait, L’incroyable Hulk se résume à deux énormes pâtes à mâcher aromatisées et très mobiles.

La première pâte à mâcher, goût menthe, se déplace en Amérique du Sud et profite de la chlorophylle amazonienne pour gagner en saveur. On n’imagine pas ce que ça peut bouger un chewing-gum, surtout lorsqu’il se sent menacé par de méchants individus qui, pour sûr, ne pensent qu’à le mâcher de toutes leurs dents. D’une favela brésilienne (étonnamment mise en scène), la gomme à la menthe bondit pour échapper à ses assaillants jusqu’au Guatemala (plusieurs milliers de kilomètres en un saut tout de même !). Du Guatemala, elle court au Mexique, puis hop ! aux Etats-Unis, en Virginie et termine à New York. Un voyage de quinze jours au total : chapeau la gomme ! A New York, la seconde pâte à mâcher, goût vanille, plus mastiquée que la première, fait son apparition. Elle semble vouloir jouer avec la gomme menthe qu’elle retrouve, mais cette dernière est en colère, certainement contrariée par ses assaillants qu’elle n’a jamais vraiment réussi à semer. Les deux pâtes sont malgré tout heureuses de se voir. Elles se lancent l’une vers l’autre puis s’écrasent en une embrassade fusionnelle peut-être à l’origine du plus gros malabar bi-goût jamais connu. Exténuées par tant d’émotions les pâtes à mâcher s’effondrent enfin. Voilà l’histoire vendue aux studios par Zak Penn à qui l’on doit aussi les épisodes 2 et 3 des X-Men (2003 et 2006) ou encore Elektra (2005), le meilleur prétexte que l’on ait trouvé pour habiller Jennifer Garner de latex rouge.

Hulk (Edward Norton assez crédible dans la peau de Bruce Banner) est plus sombre que dans le sous-estimé film d’Ang Lee (Hulk, 2003) et l’Abomination (alias le soldat Emil Blonsky joué par Tim Roth) porte bien son nom, encore qu’elle n’est jamais appelée ainsi. Les bestioles disent peu de choses mais les faire parler est assez ridicule. Pour simplement hurler son nom en donnant des coups de poings autant se taire. L’incroyable Hulk n’est qu’action et l’on regrette que Louis Leterrier n’ait pas développé différemment les rapports entre la bête et Betty Ross (Liv Tyler) ; la scène de la « grotte » est plus subtile et pourrait figurer dans King Kong. Un des rares éléments de réalisation vraiment réussi : lorsque Betty entraperçoit à nouveau Bruce qui l’a quittée, son nouveau compagnon en devient immédiatement flou. C’est un petit rien mais il se remarque au milieu de tous ces impacts de balles et toutes ces collisions musculaires. Enfin, un nouveau clin d’œil nous prépare à la venue prochaine sur les écrans de la ligue des Vengeurs (allusion au S.H.I.E.L.D., à Nick Fury, à Tony Stark) mais il va falloir que les super-héros sélectionnés pour constituer cette équipe très spéciale soient convaincants et compte tenu du fait que le scénario a été confié à Zak Penn, je crains que le projet ne soit d’ores et déjà mal engagé…

3 commentaires à propos de “L’incroyable Hulk”

  1. Personnellement je n’ai pas vu le premier film, mais ce second volet signé Leterrier m’a finalement séduit, moi qui suis parti le voir avec quelques a priori sur cet énième film de super-héros qui apparemment manquait de second degré (voilà pourquoi j’ai beaucoup aimé Iron man par exemple !). Bon, c’est vrai que du second degré et de l’humour il n’y en a pas ici, mais cet Hulk-là est finalement bien attachant : j’ai retrouvé en tout cas l’esprit qui animait les comics que je lisais lorsque j’avais 10 ans.

    J’ai trouvé tout le début du film excellent : les flash-backs du premier (en tout cas je suppose) avec des images hyper léchées, fluides et bien enchaînées et un ton assez grave plutôt convaincant. Les immenses favellas sont filmées de manière impressionnante, et vraiment cette première partie où Bruce Banner tente de trouver un remède à la bête qui sommeille en lui (qu’il subit et dont il veut se débarasser au lieu de chercher à la maîtriser) m’a bien plu. Arrive ensuite les ennuis -logique- et j’ai trouvé un peu facile, mais bon c’est du « ciné-BD » aussi donc je suis indulgent, la façon dont le commando d’élite retrouve Bruce (grâce à cette goutte de sang tombé dans la bouteille) ! Le problème est qu’à ce moment-là il n’y a aucun lien, aucune explication du comment ils ont repérés sa chambre au milieu des favellas quasiment à leur arrivée au Brésil ? Je m’attendais à une mini enquête dans son usine de fabrication de boissons, mais non, ils savent exactement où celui qu’ils recherchent se loge et Bruce a aussi anticipé leur arrivée on ne sait pas plus comment ?

    Bref, outre ces bizarreries, le film et son histoire sont assez séduisants même si c’est vrai que le vilain (il en faut toujours un dans une hsitoire de super-héros !) est assez moche et grossier, enfin je trouve ! On dirait un de ces sales monstres issu d’une transformation génétique qu’on retrouve dans les premiers Resident evil (le jeu sur PS1), donc de ce côté-là bof… D’ailleurs le super vilain d’Iron man ne m’avait pas non plus trop fait frémir… Je pense que le joker du nouveau Batman sera bien plus charismatique par exemple !

    Ce ne sont donc pas trop les scènes d’action (certes on en prend plein la vue, mais ça je m’en doutais un peu !) qui m’ont le plus impressionné mais plutôt la crédibilité d’Edward Norton et de Liv Tyler, toujours aussi belle avec ses grands yeux plein de larmes ! Je regrette simplement que lorsqu’ils commençent à faire l’amour et que ses pulsations cardiaques commencent à s’emballer, ce que je comprends tout à fait, ils décident à contre-cœur de lâcher l’affaire ! On aurait pu avoir droit à une belle scène d’accouplement entre la belle et la bête (tombant plus tard enceinte par exemple et accouchant d’un bébé Hulk tout vert et tout mignon !), bien hard et bien thrash ! Mais pas sûr que ça plaise à Ornelune ça, non je rigole bien sûr !

    Sympa aussi l’allusion à la ligue des Vengeurs avec l’apparition à la fin du film de Tony Stark, alias Iron man ! Ca promet… Espérons qu’ils auront le bon ton de laisser faire une apparition bien décalée à Hancock dans ces prochaines aventures, ça serait bien trouvé !

    Très bon divertissement, franchement je m’attendais à pire, alors bonne surprise !

  2. Là, je pense à ce que pourrait donner le film en comédie musicale. Edward Norton pourrait à nouveau y chanter comme dans Tout le monde dit I love you (1996), My baby just cares for me (Liv Tyler remplacerait Natasha Lyonne).

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