Le Cavalier du désert (The Westerner)

William Wyler, 1940 (États-Unis)

Wyler met en scène le conflit qui oppose les éleveurs aux fermiers au Texas à la fin du XIXe siècle. Les plus anciennement installés font la loi, à leur manière, et se retrouvent autour du juge Roy Bean… dans son saloon. Figure des plus originales, Roy Bean s’inspire d’un personnage réel qui lui-même se surnommait « La Loi à l’Ouest du Pecos » et qui était connu pour servir ses intérêts autant que pour juger selon son bon vouloir. Walter Brennan, acteur à la carrière impressionnante (il sera plus tard le Stumpy de Rio Bravo, Hawks, 1959), joue parfaitement le rôle de ce drôle de tyran, vite berné et absolument malade d’une danseuse de music-hall, Lily Langtry, sur laquelle il bâtit tous ses fantasmes.

Le film commence par une scène de justice depuis le comptoir où sont disposés les verres régulièrement vidés d’une gnôle dangereusement corrosive, une énorme Bible sur laquelle prêter serment et un revolver dont la crosse fait office de marteau de juge. La scène introduit également les deux autres personnages de l’histoire. Dans le rôle de l’aventurier Cole Hardin, comparaissant pour vol de cheval, Gary Cooper incarne superbement le héros idéal, malicieux, plutôt détaché des ennuis qui lui tombent dessus. Vite à ses côtés, Doris Davenport incarne Jane-Ellen, une fille de fermiers victime des cowboys, mais faisant valoir avec assurance toute sa détermination à ne pas se laisser dicter la loi par des criminels.

Ce qui surprend d’emblée, c’est le rythme du film et le temps pris avec les personnages. Wyler nous les fait découvrir sans rien précipiter. Il fait place aux dialogues, aux silences et aux expressions de chacun, nous mettant dans la complicité des uns ou des autres et laissant entre eux de véritables relations se nouer et surtout évoluer. De plus, Le Cavalier du désert ne verse jamais dans le manichéisme ni ne rejette tout à fait les plus bandits. Le film se déroule avec originalité et humour (le cheval convoqué au tribunal comme témoin, les roublardises de Cole…). Quelques chevauchées et armes dégainées assurent le regain d’action nécessaire au genre. Le scénario ne s’empêche pas non plus de prendre à revers le spectateur car toutes les initiatives héroïques ne sont pas conduites à leur terme. Le ton change aussi radicalement avec un incendie géant dans les champs de maïs. Wyler filme les ravages et la panique des agriculteurs avec un réalisme inattendu. Le final au théâtre, ultime tromperie de Cole ayant mis une étoile au gilet pour stopper le juge, peut surprendre tout autant.

Le Cavalier du désert a son lot de qualités et le charme du film, de ses personnages notamment, dépasse largement les petits défauts qu’on pourrait lui trouver. Jolie découverte donc.

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