La colline a des yeux

Wes Craven, 1977 (États-Unis)

En route pour LA, escale en pleine désert où la nuit en compagnie de Jupiter, Mars ou Pluton est plus noire qu’ailleurs. Ce n’est pas d’astronomie qu’il s’agit, mais plutôt de boucherie, surtout quand la famille caravane rencontre la famille cannibale. Dans les années 1970, les repères sont mis à mal et, au sein de la jolie petite famille civilisée, le patriarche shérif retraité est le premier à y passer : crucifié et carbonisé sur l’autel de la sauvagerie. Puis vient la fille. Puis vient la mère. De quoi dégager la belle et raviver la bête. Craven laisse voir le monstre en chacun mais ne condamne pas tout le monde non plus. Parmi ces endiablés agrippés au sein de mère Nature, une fille capable de compassion se refuse à la violence bestiale des autres. Le monde décrit tient à la fois de l’horreur de Deliverance (Boorman , 1972) et de Massacre à la tronçonneuse (Hooper, 1974). Dans ce monde à la marge, on n’est pas loin non plus de Mad Max (Miller, 1979), en bref, une autre histoire de la violence.

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6 commentaires à propos de “La colline a des yeux”

  1. Ce film reflète comme les grands classiques de cette période que tu cites, la grande colère viscérale qui envahit les salles à cette époque avec une Amérique en perte de repères engluée dans les scandales (Watergate), dans un conflit qu’elle est en train de perdre (Vietnam), le tout sur fond de contestations en tout genre. Il faut savoir aussi que ce film s’inspire d’une histoire vraie qui s’ est passée en Ecosse au XVème siècle. Une famille avait régressé à l’état sauvage dans une région désolée, agressait des voyageurs solitaires, les tuait et pratiquait le cannibalisme. Elle fut finalement arrêtée par le roi d’Ecosse et exécutée avec des tortures et des sévices encore plus horribles. Wes Craven s’était servie de cette histoire pour montrer à travers la Colline a Des Yeux que les êtres dits civilisés pouvaient commettre des atrocités encore plus bestiales que les plus féroces monstres ou autres serial killers.

  2. « quand j’écrivais, je pensais au Tiers-Monde. » explique Craven dans les Cahiers. La Colline est l’émanation d’une colère qui fait sortir le raisin, il ouvre béant la faille qui sépare l’homme moderne tout à son tourisme migratoire de la misère profonde née du rejet d’une part de l’humanité. Ce rejet prend forme de régression par la bestialité de son expression. Hooper et Boorman en effet ont travaillé cette plaie avant Craven, mais lui ajoute la dimension clanique dans cette rivalité cosmique. Selon moi, une sorte de choc des mondes sauvagement furieux.

  3. Un excellent film. Certains jugent qu’il a beaucoup trop vieilli, ce qui n’est pas mon avis. Comptes-tu également évoquer le remake d’Alexandre Aja ?

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