Frida

Julie Taymor, 2002 (États-Unis)

Apparemment le projet tenait à cœur à Salma Hayek. Elle produit, incarne Frida Kahlo et tenait vraiment à ce que le film se fasse. La biographie de Julie Taymor n’est pas toujours appréciée des critiques et n’est pas mentionnée dans le volumineux Cinéma et peinture de Joëlle Moulin paru quelques années plus tard (2011). Pourtant, basé sur le livre de l’historienne de l’art Hayden Herrera, Frida n’est pas seulement une bonne introduction à l’univers de cette peintre hors-norme. On peut le trouver un peu illustratif, et il est clair que son audace n’est pas à la hauteur du personnage, il s’efforce toutefois et parvient à mettre du cinéma dans la peinture de la Mexicaine. Plusieurs scènes plongent en effet dans les tableaux et en donnent une représentation vivante. Le film les recompose et les adapte à la narration. Sans être figées par la photo, les œuvres de Frida Kahlo participent ainsi à son propre récit et sont d’une certaine façon enrichies par ce que les moyens cinématographiques peuvent apporter en terme de plans ou de formes. Un collage figure aussi l’épisode qui entraîne Frida à New York quand elle suit Rivera qui lui est parti honorer son carnet de commandes auprès des riches hommes d’affaires nord-américains. À cet endroit, la comparaison de Rivera au Kong de Schoedsack et Cooper (1933) amuse tout en disant beaucoup de la relation libre et douloureuse entre les deux artistes. L’accident de bus se distingue également par son inventivité picturale. Sang et or en dominent la composition. Le passage qui concerne Trotski est en revanche moins réussi (la faute à l’acteur, Geoffrey Rush, et à ses postiches). Dans leur rôle de Frida et Diego, Salma Hayek et Alfred Molina, quant à eux, s’en tirent plutôt bien. Depuis le film de Taymor et Hayek, quelques autres films sont sortis sur Frida, le documentaire de Giovanni Troilo par exemple, Frida, Viva la vida (2019), qui est une autre bonne introduction à l’univers de la peintre.

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Une réponse à “Frida”

  1. Je me retrouve largement dans ton propos (même si je n’ai pas le souvenir d’avoir trouvé Geoffrey Rush mal inspiré). « Frida » aurait effectivement été mon introduction à l’univers de Kahlo et je suis bien content de l’avoir vu. Hayek a fait un boulot très correct, devant et derrière la caméra. Je trouve bien également que ce soit un film de femme(s).

    Merci d’en avoir parlé, Benjamin. Cela m’a rappelé de bons souvenirs.

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