Fast & furious 8 (The fate of the Furious)

F. Gary Gray, 2017 (États-Unis)


Fast & and furious, sans les voitures, on dirait du catch : des gros bras, d’affreux rictus, des attitudes bouffonnes, des retournements de situations grotesques dans un tout très niais… Fast & furious, sans les voitures, c’est un peu Expendables (Stallone, 2010) et sans exigence aucune, ça pourrait presque amuser. D’autant qu’au bout de huit épisodes, à défaut de suivre vraiment le récit de ces aventures au long cours, certains spectateurs auront pu s’attacher aux acteurs (Vin Diesel, Dwayne Johnson, Michelle Rodriguez et j’en passe). D’ailleurs, avec F. Gary Gray, quatrième réalisateur de la saga, d’autres figures s’affichent aux côtés des membres convenus : Jason Statham, Nathalie Emmanuel ou Scott Eastwood en novice du levier de vitesse et second du moins énigmatique que sympathique Kurt Russel (respectivement Little Nobody et Mr Nobody)… Citons encore Charlize Theron (que Gary Gray retrouve, tout comme Statham, après Braquage à l’italienne en 2003), cette dernière jouant une sorte de cyber-terroriste à tresses hyper furtive qui, cherchez la contradiction, cherche à policer un monde courant à sa perte.



A toute allure et à coup de coupes franches, le récit se déplace de La Havane vers Berlin (où il est question d’un vol de bombe à IEM, mais qui s’en soucie ?), jusqu’en Sibérie avant de s’achever à New York. Le point de départ cubain dans ce blockbuster à plus de 200 millions de dollars s’explique par une récente « normalisation » des relations diplomatiques avec le voisin américain. Ainsi, après la visite officielle d’Obama et le concert des Stones en 2016, les relations sont devenues à ce point cordiales pour Hollywood que l’île puisse n‘être plus qu’un espace de fête gigantesque : au milieu des ondulations nombreuses en bikini et culottes courtes, une lune de miel pour Américains (Dom et Letty), des rassemblements de voitures anciennes et trafiquées et surtout la première course de bolides du film dans les artères de la capitale. L’île pittoresque, touristique, sans autorité (pas l’ombre d’un policier), s’y résume simplement au plaisir à prendre. La même année, alors que Hollywood n’avait pas remis les pieds à Cuba depuis cinquante ans, ce sont d’autres moteurs américains qui sont venus profiter des lieux et, d’ailleurs, d’après The Transformers Wiki : « Cuba seemed to be a safe haven for Cybertronians. Transformers would often hang out or play volleyball at the beach, and the locals did not think of this as out of place » (Transformers: the last knight, Bay, 2017). S’agissant de Berlin, il y a moins à dire : l’étape est courte (le temps tout de même d’embraser un grand nombre de bâtiments), la scène est nocturne et la capitale, en dehors d’un plan large introductif, assez peu identifiable.



La suite se déroule sur un aller-retour à New York en passant par Vladovin en Russie. Yalta et Poltava sont citées mais c’est une ville russe imaginaire qui est choisie (« On dirait qu’ils ont simplement placer des lettres ensemble au hasard »). Pour créer le site de Vladovin, qui abrite une base secrète navale qui date de la Guerre Froide, et que l’on aurait volontiers pu croire situé sur la mer de Barents (comme Mourmansk et la plupart des ports qui accueillent des sous-marins nucléaires russes), c’est à Mývatn en Islande que l’équipe de tournage s’est rendue. Cependant, les services de renseignements de Mr Nobody précisent bien que la ville, n’est plus sous contrôle russe et se trouve entre les mains de « séparatistes militaires » ; ce qui justifie les destructions dans ladite ville et évite de se soucier des morts russes à venir (pas d’animosité inutile envers l’ancien adversaire, d’autant que Tom Cruise avait déjà fait sauter la Place Rouge lors d’une précédente Mission : Impossible, celle du Protocole fantôme de Bird, 2011). Dans l’Arctique, les as du volant doivent donc empêcher Cipher la terroriste high-tech de détourner un sous-marin nucléaire (mais ce prétexte ou un autre, qui s’en soucie ?). L’intérêt est surtout de faire des glissades sur une glace fondante avec des voitures de luxe.




Le retour à New York est un recentrage dans le pays, d’autant que la famille est réunie (sa protection ayant été le véritable sujet du film), les valeurs retrouvées et préservées. Cette géopolitique un peu simpliste dessinée (sur le canevas d’un James Bond présent partout où ça compte, c’est-à-dire sur des territoires intégrés au réseau américain), on s’amusera aussi de noter que la scène finale avec bénédicité avant barbecue en terrasse se trouve tout à fait à l’opposé de la séquence introductive où, dans la marge cubaine, les filles se trémoussaient et les garçons toujours rivalisaient. Les scènes s’opposent par leur position dans le film, par leurs couleurs et leurs ambiances, par leur spatialisation également, puisqu’on ne quitte pas le bitume et la rue à Cuba, on s’élève déjà sur le toit d’un immeuble à New York avant que le plan ne deviennent travelling arrière et ne s’achève sur la skyline new-yorkaise. Entre temps, l’appropriation des territoires partout où leurs moteurs auront vrombi, où leur taule aura été froissée, où la gomme aura brûlé.






Film sorti chez Universal en dvd, Blu-ray, Blu-ray 3D et Blu-ray 4K UHD
ainsi qu’une intégrale 8 films en dvd et Blu-ray, le 16 Août 2017.

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2 commentaires à propos de “Fast & furious 8 (The fate of the Furious)”

  1. Je n’ai pas même passé la première sur cette franchise, mais jamais je n’eus cru pouvoir voyager si loin à bord de ce bolide sorti des chaînes de montage automatisées d’Hollywood.
    Le casting très bien motorisé (Charlize et Kurt suffisent à mon bonheur) a de quoi m’inspirer une visite chez le concessionnaire. Le risque, c’est toujours d’aller jeter un œil en curieux et de ressortir au volant du tacot.

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