L’éveil d’Edoardo (I dolori del giovane Edo)

Duccio Chiarini, 2014 (Italie)


Chronique adolescente directe et délicate dans laquelle Edoardo (Matteo Creatini), à la silhouette peu épaisse, aux décisions toujours mesurées, tombe amoureux (comme dans un Conte d’Été) mais, courbé sur son pénis qui le tracasse, il est empêché d’aller plus loin. Pourtant, Bianca est là, de l’autre côté de la rue, belle voisine, enfin libre et moins volatile que par le passé (Franscesca Agostini). Elisabetta aussi, la chanteuse approchée un peu par hasard sur la plage qui moins réservée entreprend à sa place (Miriana Raschillà)… Il y a encore Arturo le comparse (Nicola Nocchi), sans cesse en train de vouloir précipiter un plan cul, que ce soit avec les filles du coin, sans succès, avec une prostituée qu’il essaie d’avoir au rabais, sans succès, ou avec un poulpe dont le seul mot anglais, « octopussy », provoque en lui (malgré sa méprise) quelque excitation… sans succès non plus. Et puis il y a le pénis d’Edoardo, un bout de peau qui le gêne et un passage devant le bistouri qu’il redoute et retarde.

Alors qu’il filme sans détour les corps de ces jeunes qui se découvrent, Duccio Chiarini parvient dans ce premier film à entourer ses personnages d’une vraie tendresse. Par ailleurs, L’éveil d’Edoardo est plein d’humour et de fraîcheur sans que les traits soient grossis ou sans que le comique soit même très franc (le « poulpe » par exemple : son évocation par les garçons prête à sourire, en revanche le « passage à l’acte » qui suit fait plutôt grimacer et plus encore quand la bestiole se retrouve après quiproquo dans les assiettes…). Duccio Chiarini cite en référence A swedish love story de Roy Andersson (1968) et Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Løve (2010) mais, au milieu de cent ou mille autres comédies sentimentales adolescentes, il semble bien trouver un ton et une manière propres à lui pour raconter ces jeunes, leurs tâtonnements, leurs sentiments et leurs choix. Edoardo, lui, prend son temps, à vélo plutôt qu’à scooter comme Arturo, à refuser de coucher à la première occasion venue, à hésiter face au médecin, à choisir un train pour onze heures de trajet et à finalement s’engager avec une fille… Edoardo prend son temps et c’est au mieux.

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