Demain ne meurt jamais

Roger Spottiswoode, 1997 (États-Unis)

Bond n° 18. Lorsque Bond (Pierce Brosnan) ne déclenche pas mille explosions sur leur base pour récupérer des ogives nucléaires, les Russes tentent d’écouler les stocks d’armes de l’ère soviétique sur le marché du terrorisme (la séquence d’introduction). Puissance jugée marginale depuis quelques années, l’ex-U.R.S.S. n’inquiète plus. Les scénaristes chargés des nouvelles aventures du commandeur Bond s’intéressent à un autre type d’armes capable d’inquiéter à l’échelle mondiale, les médias, qu’ils mettent entre les mains d’un seul homme, l’homme d’affaires mégalomane Elliot Carver (Jonathan Pryce).

Elliot Carver décide des grands titres et des unes de journaux qui se lisent dans le monde entier : Tomorrow, Morgen, Demain, le titre est partout traduit. Charles Quint possédait un empire sur lequel le soleil jamais ne se couchait, Carver possède en empire dans lequel demain ne meurt jamais. Devant son mur d’écrans, il est le premier à connaître les accords conclus entre les grands de ce monde. Il fait la pluie et le beau temps à la bourse et sur les marchés économiques. Il sait lorsqu’un homme d’importance meurt. Il décide en général du décès. Organisés en une vaste ceinture de surveillance, les satellites espions regardent toujours les hommes de l’espace mais ils le font à présent pour Carver et ses chaînes de télévision. Pour augmenter son audimat d’un cran, le grand cinglé de l’information envisage de créer un conflit entre le Royaume-Uni et la Chine, de couvrir l’événement et de partout répandre ses flashes, titres et articles. Parmi les autres méchants, notons la présence d’un maître de la torture, le Docteur Kaufman (Vincent Schiavelli), mais il n’a pas le temps de beaucoup expérimenter. Dans cet épisode, Bond est associé à Wai Lin (Michelle Yeoh), l’équivalent chinois de l’agent secret. Teri Hatcher joue la seconde « James Bond girl », ex de l’espion, femme de l’ennemi qui trouve toutefois un moyen de se racheter (deux en fait puisqu’elle se retrouve aussi dans le lit de l’espion).

La dénonciation de la manipulation des médias n’est pas neuve (au hasard et pour citer une série B oubliée, Running man de Paul Michael Glaser en 1988, ou plus réussi et moins oublié, The Truman Show de Peter Weir en 1998*), cependant à l’ère d’internet (l’outil est encore très neuf en 1997) et bientôt à celle de la géolocalisation (bien que le grand public ne profite du GPS qu’après 2000, la technologie est évoquée dans le film), la mise en réseau de l’information à l’échelle planétaire fait peur… Demain ne meurt jamais n’a rien d’exceptionnel malgré le thème, la tentative de renouvellement et la présence des acteurs cités. Décidément les années 1990, quel que soit le charme de Brosnan, n’ont pas semblé pleinement profiter à l’espionnage britannique…

* D’autres exemples sur la manipulation des médias au cinéma : Le testament du Dr Mabuse de Fritz Lang (1932), Orange mécanique de Stanley Kubrick (1971), Videodrome de David Cronembreg (1983), Brazil de Terry Gilliam (1985), They live de John Carpenter (1988), The second civil war de Joe Dante (1997)…

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