Le roi Arthur : la légende d’Excalibur

Guy Ritchie, 2017 (États-Unis, Royaume-Uni, Australie)

Alors qu’il n’a pas encore vu passer quatre saisons, Arthur est abandonné sur la Tamise comme Moïse sur le Nil. Il est trouvé et élevé par des catins. Il grandit alors dans la métropole crasseuse et tentaculaire de Londinium (et oui il y a du latin dans le film) en développant le don de transformer chacun des services rendus, des coups de balais aux livraisons de colis, en monnaie sonnante et trébuchante. Self made man, au grès du montage clippé de Ritchie, Arthur gagne soudain en crédit, en muscles et en responsabilité. Une fois à la tête de la maison de charmes (il n’y a pas de vil métier), le bel homme (Charlie Hunnam) étend alors son petit réseau d’influence jusqu’à se retrouver avec entre les mains, le hasard fait bien les choses, la garde de la fameuse épée figée. Le pouvoir de l’argent (qui ne circulait pas tant au Moyen Âge ; mais quel Moyen Âge ?), le pouvoir de la force et des armes, que manque-t-il à ce neo-Seigneur des anneaux pour s’affirmer totalement américain ?

Pas grand chose, si ce n’est qu’il est aussi question de tour dont la hauteur est un indicateur de pouvoir et dont le seigneur, mage et prince des ténèbres, Vortigern l’Infâme (Jude Law) pour ne pas le nommer, s’affirme vite comme le parfait gouvernant totalitaire (salut de masse, armée masquée, esclavage et soumission de toute une société). D’où la nécessité d’une Résistance (car tête en l’air, on surprend là Ritchie en train de rêver à un film sur la Seconde Guerre mondiale). Un groupe d’hommes prend le maquis pour s’organiser et freiner les ambitions de l’Infâme (il y a aussi ici un peu de Robin des Bois). Leur objectif est de porter un chef légitime et juste au pouvoir, si possible, mais ce n’est là qu’une demande annexe, avec Excalibur au poing.

Pas de religion dans ce monde, mais de la magie partout. A noter aussi la présence des minorités, noires, asiatiques, arabes dans un Moyen Âge plus cosmopolite qu’attendu ; mais qui attendait quoi dans cette fantaisie ? On note encore la prédominance d’autres thèmes : le sacrifice et l’héritage salique puisque l’épée qui fait les rois se transmet de père en fils, de Uther à Arthur (le film sort quelques mois avant l’affaire Harvey Wenstein et on peut imaginer que les rôles féminins auraient été moins anecdotiques si le film avait été produit plus tard). La réalisation paraît moins folle que par le passé et Guy Ritchie maîtrise plutôt bien le temps du récit. Son rythme gagne même en originalité grâce à des ellipses assez habiles et à des flash-forwards répétés qui finissent par réactualiser le présent.

Outre la modernisation du mythe, avant sa transposition dans Aquaman (James Wan, 2018) et son rajeunissement dans The kid who would be king (Joe Cornish, 2019), et sans chercher davantage le plaisir taquin du critique, on prend volontiers part au divertissement. Comme pour Sherlock Holmes (quoique le duo d’acteurs ajoutait au plaisir), le film se laisse voir et communique son entrain. C’est foutraque, calibré jeux vidéo durant les combats, foisonnant de détails imbéciles (les éléphants géants du début), mais que voulez-vous, sans en attendre grand chose, on finit par se laisser porter.

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