X-Men : Apocalypse

Bryan Singer, 2016 (États-Unis)

Face à l’incommensurable, aux apocalypses en chaîne et à l’écroulement répété de notre monde, il faut savoir raison garder. Bryan Singer nous y aide et, comme dans Days of future past (l’année 1973 revisitée depuis 2013), l’initiateur de la franchise X-Men (en 2000), notamment grâce à la musique choisie, sait créer de très bons moments. On retient donc pour les années 1980 traversées ici, le très fougueux et très incisif The four horsemen de Metallica qui nous anime soudain quand le mutant Apocalypse, après Psylocke, Tornade et Magneto, enrôle justement son quatrième ministre, à savoir Angel, haut perché en sa demeure, lutteur des bas fonds berlinois et à l’allure plutôt réussie d’ange déchu. De même un peu plus loin et dans un autre genre, Sweet dreams d’Eurythmics accompagne opportunément les enjambées à grande vitesse de Vif-Argent. Il s’agit pour Evan Peters de sauver sans grande difficulté les jeunes prodiges du manoir de Xavier soudainement soufflé de l’intérieur par les flammes. Comme celle équivalente (plus belle toutefois) du précédent film de Singer, cette scène consacrée au sprinter aux cheveux gris paraît préservée de toute l’agitation du film, isolée du grand fracas de l’antique dieu d’Égypte En Sabah Nur (Oscar Isaac méconnaissable) et le fan de Rush ou des Floyd, loser magnifique, prétentieux et indolent, y figure comme suspendu, intouchable. Quelques autres moments nous emportent encore, ainsi lorsque le puissant orchestre de la bande originale entonne le titre Beethoven Havok et appuie Alex Summers dans ses coups portés. Notons également la sortie du caisson d’isolement de Wolverine, dont on ne voit d’abord, comme l’introduction d’un Terminator (la référence n’est pas nouvelle chez Singer), qu’un pied nu, premier pas imposant et musclé, silhouette furieuse vite devenue Loup-garou old style dans les corridors de sa caverne. Toutefois, la plupart étant à peine esquissée, les personnages sont désormais trop nombreux et il est bien difficile de s’attacher à eux. En dehors de Vif-Argent qui les dépasse tous, Phénix ou Fauve (Sophie Turner et Nicholas Hoult), Xavier ou Magneto (McAvoy et Fassbinder), Mystique surtout (Jennifer Lawrence), figure inspiratrice mais refoulée de la résistance mutant, captent bien chacun un peu de notre attention. Les combats titanesques et les grands effondrements les ensevelissent malheureusement presque aussitôt. En définitive, alors que Singer passe le balais sur sa franchise, « le troisième épisode est toujours le plus mauvais » (Ratner et L’affrontement final de 2006 reniés une bonne fois pour toute), il reste à mes yeux encore très en dessous du moins fracassant et moins dispersé First class (2011). A présent, tout est révélé : Apocalypse a ses qualités (capacité sans se perdre à démultiplier son récit et à suivre même brièvement tous ses personnages, à enchevêtrer leurs aventures dans le monde réel et l’Histoire…), First class, l’épisode mutant de Vaughn reste à mon goût supérieur à celui-ci et à tous les autres.

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