Whatever works

Woody Allen, 2009 (États-Unis)

Un film par an, Woody Allen tient le rythme ! Et la cadence de ses sorties n’entache pas la qualité de ses œuvres si l’on en juge par ses dernières productions : j’avais beaucoup aimé Vicky Cristina Barcelona (2008) et adoré Match point (2005)*. Si avec ces derniers films le génialissime réalisateur new-yorkais a exploré de nouveaux domaines (le polar notamment) et de nouvelles villes (Londres et Barcelone) tout en conservant son ton et son humour si particuliers, Whatever works marque le retour du plus pur style Woody Allen : une comédie sociale et romantique tournée en plein New York et dont il a seul le secret !

Boris, qui a un avis sur tout (et seul le sien compte…), transforme toutes les conversations avec les habitants de son quartier en d’interminables débats… Ses certitudes sont pourtant vite ébranlées par l’arrivée inopinée de Melody (Evan Rachel Wood), une jeune fugueuse très jolie et bien blonde sur les bords… Et à l’intérieur aussi ! Leur relation cruche gentille / grincheux érudit, peu commune, prend une tournure inattendue…

Whatever works aurait très bien pu sortir dans les années 1980 et il faut dire que le scénario originel date de la fin des années 1970, ce qui d’ailleurs se ressent ! Quelques années en arrière, Woody aurait aussi pu interpréter le rôle principal de Boris Yellnikoff tenu ici par Larry David (vu dans la série Larry et son nombril), mais destiné au départ à Zero Mostel (disparu en 1977). Le rôle lui correspond si bien : le personnage est cynique, misanthrope, angoissé (il a tout raté dans sa vie, son suicide y compris !), à la fois antipathique et sympathique, plein de contradictions et sa philosophie est celle d’un vieux garçon aigri et imbu de sa personne, à mourir de rire ! Larry David est parfait en vieux grincheux et n’est pas sans rappeler le Walt Kowalski de Gran Torino (Clint Eastwood, 2009) ou surtout l’oncle Junior des Soprano (Dominic Chianese, avec qui la ressemblance est frappante).

C’est une réalisation digne de la « grande époque » du réalisateur, si l’on peut dire. Longues et irrésistibles, les répliques sont à se tordre de rire. Un humour toujours très fin, parfois un peu « intello », accompagné de trouvailles subtiles (comme au tout début, lorsqu’il s’adresse directement à la salle de cinéma, sous le regard interloqué de ses amis qui ne comprennent pas ce qui lui arrive !). Heureusement les dialogues sont de véritables petites merveilles, car le film est très, mais alors vraiment très très bavard ! Il ne faut pas avoir peur des trois bonnes lignes de sous-titres qui les unes aux autres s’enchaînent, du début à la fin. Un moment d’inattention et l’on rate une réplique d’anthologie ! Ce serait dommage… C’est le seul reproche qui pourrait être fait, même s’il ne s’agit là pas vraiment d’un défaut. Donc l’ennui n’est pas vraiment au rendez-vous, bien au contraire, Whatever works est un véritable amusement ! Un Woody Allen très classique, oui, mais jubilatoire : un retour aux sources parfaitement réussi.

Ludo

* Il me reste à voir Scoop (2006) et Le rêve de Cassandre (2007).

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