THOR

Kenneth Branagh, 2011 (États-Unis)

A qui est vraiment destinée l’aspirine prise au milieu du film ? Seulement au personnage de Stellan Skarsgard ? Ou bien, Branagh penserait-il au spectateur après cette longue introduction entre Asgard et Midgard ? Plongé dans un travail qui lui échappe, le réalisateur lui-même aurait-il mal à la tête ? Dieux scandinaves aux armures clinquantes (plus proches des dessins de Kurumada que de ceux de Lee, Kirkby et de leurs successeurs), Asgard en toc, mouvements éculés par une imagerie de synthèse fatiguée (survol du séjour divin, géant de glace sautant sur nous face caméra, regard du Destructeur par dessus l’épaule). Même la 3D est absente (sauf au générique de fin qui donne l’effet d’une animation de planétarium).

Malgré tout, certainement parce que les raisons séminales propices au plaisir ont été prédisposées chez l’adolescent après lecture des BD, Thor apparaît aussi sympathique et divertissant que ses comparses, Iron Man (Favreau, 2008) ou Les 4 fantastiques (Story, 2005). Certes, lorsqu’il rappelle la jeunesse des fils d’Odin, Branagh n’est pas aussi fin que Gondry qui de la même façon commençait son film avec le super-héros encore enfant (Green Hornet, 2011). Il rend pourtant le drame familial et amoureux prenant : la rivalité des deux frères Thor et Loki pour l’amour du père (Chris Hemsworth, Tom Hiddleston et Anthony Hopkins)* et l’amour entre le dieu viking et la belle frustré par la rupture du pont arc-en-ciel (Natalie Portman dans le rôle de Jane). Par ailleurs, comme Superman (Singer, 2006) et Spider-man (Raimi, 2004), le super-héros prêt à redevenir Dieu se sacrifie. Ainsi, de son sommeil, le « Père de toute chose » lui pardonne** et lui permet, grâce à Mjöllnir, de revenir à la vie. On devine donc parmi ces thèmes ce qui a pu intéresser le réalisateur d’Hamlet (1996) et il ne serait pas surprenant que le canevas de la tragédie marvélienne perçue par Branagh reste davantage à l’esprit que les scènes d’action. Enfin, Branagh prend un peu de distance et devance le ridicule de ces dieux égarés en plein Nouveau-Mexique. Thor finalement aussi Strange qu’il y paraît ?

* Pas de place pour la mère entre ces épaules masculines, Rene Russo n’est que figurante.
** Puisque tel Lucifer, Thor se rebella par orgueil et fut déchu.

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4 commentaires à propos de “THOR”

  1. Oui, la raison de notre présence devant ce divertissement est à peu près la même si je comprends bien. Mais, tout de même, je trouvais le premier Iron Man plus réussi dans le genre (peut-être une question d’acteurs aussi).

    Et, au fait, tu y a compris quelque chose au complot de Loki ? Parce que moi, rien du tout.

    Quant à la 3 D, pas vue puisque j’étais de séance en 2 D – mais ça ne m’a pas vraiment manqué.

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