Portrait de la jeune fille en feu

Céline Sciamma, 2019 (France)

L’ÉTÉ

« Si, de même que les femmes courageuses ont travaillé nuit et jour, avec une suprême diligence et une longue patience, à acquérir d’autres dons que nature ne peut donner sans travail – d’où il est résulté des œuvres bonnes et non sans gloire -, elles s’étaient adonnées à ces études qui rendent immortelles les vertus humaines.

Et si elles avaient pu elles-mêmes transmettre à la postérité le souvenir de leurs propres mérites, sans avoir besoin de mendier l’aide des écrivains au cœur rongé par la haine et l’envie, et qui, la plupart du temps, passent sous silence le bien qu’ils peuvent en dire, tout en publiant partout le mal qu’ils en savent, leur renommée aurait surgi plus éclatante peut-être que le fut jamais celle des hommes illustres »

L’Arioste, Roland furieux, Chant xxxvii (1532 dans son édition définitive)

 

Le feu est partout qui crépite. Dans toutes les cheminées de toutes les pièces, certes, mais surtout dans le cœur des femmes, au portrait ou non, à leurs pieds et sous leurs yeux, et encore au bas de leur robe, où, si on ne l’arrêtait, toutes de passion s’enflammeraient. Continuer la lecture Portrait de la jeune fille en feu

Un cottage dans le Dartmoor

​​Anthony Asquith, 1929 (Royaume-Uni)

C’est une histoire d’amour sans retour. Le barbier tombe amoureux de la manucure qui tombe amoureuse du propriétaire terrien qui vient profiter en ville des services offerts par le salon de coiffure. Le film regorge de petites inventions de mise en scène, opère une fusion de styles et déroule un récit tout à fait charmant, parfois passionné et envoûtant. Continuer la lecture Un cottage dans le Dartmoor

La rose et la flèche (Robin and Marian)

Richard Lester, 1976 (États-Unis)

 

Sandra Gorgievski dans un texte intitulé « Réalisme, stylisation et parodie dans le film à sujet médiéval des années 1970 » commençait par dire que cette décennie était marquée par « un renversement des valeurs, la désacralisation des modèles et une libération des mœurs » 1. Alors que les personnages principaux n’y apparaissent pas, l’ouverture tout en symboles de Lester est en cela assez remarquable. Continuer la lecture La rose et la flèche (Robin and Marian)

Laura

Otto Preminger, 1944 (États-Unis)

Pour les dix ans de La Kinopithèque, je propose ici un texte sur Laura, publié à l’automne dernier sur De son cœur le vampire, et qui fait écho à celui de Benjamin, Amours troubles, consacré au même film. Ce qui m’avait frappé en lisant ce dernier et les commentaires l’accompagnant, c’est combien, avec Laura d’Otto Preminger ou La femme au portrait de Fritz Lang, le film noir naissant se découpe déjà, dès 1944 (c’est aussi l’année d’Assurance sur la mort de Billy Wilder), en sous-genres assez clairement marqués. Continuer la lecture Laura