Spider-Man : no way home

Jon Watts, 2021 (États-Unis)

KNOCK KNOCK KNOCK. WHO’S THERE?

Et dire que certains reprochaient à Sam Raimi d’abuser des vilains dans son troisième volet (Spider-man 3, 2007). Que dire ici ? Jon Watts, McKenna et Sommers, le réalisateur et les scénaristes, font pleuvoir les vilains de toutes les portes multidimensionnelles ouvertes : sur les films de Sam Raimi mais aussi sur le diptyque mal aimé de Mark Webb. Bizarrement, il n’y a que du Spider-verse qu’aucun personnage n’est ramené. Du film d’animation pop et bien allumé de Persichetti, Ramsey et Rothman (2018), on retrouve seulement le concept : le multivers et la démultiplication de l’Araignée. No way home colle cinq adversaires et trois Spider-men dans sa toile et avec les huit épisodes cités, comme les pattes d’une bestiole, le film avance. Autrement dit, et comme par magie, ça fonctionne !

Il ne faut certes pas s’attendre à une réalisation démentielle. Emprunter Tobey Maguire et refaire une santé au Green Goblin et à Will Dafoe, jadis chez Raimi (depuis Spider-man en 2002), ne signifie pas tout à fait lui emprunter son ingéniosité. N’est pas magicien qui veut et quoi qu’il en soit Disney aseptise. Cependant la mise en scène reste claire et efficace, ce qui est déjà pas mal. Les scènes d’action ne se démarquent pas toujours par leur originalité et le film ralentit un peu, notamment dans sa partie Donjons et dragons, quand il s’agit d’enfermer les égarés dans les geôles du Maître des arts mystiques. Néanmoins, notre plaisir vient surtout des personnages et des retrouvailles avec les plus emblématiques d’entre eux : Doc Oc et Alfred Molina revenus du Spider-man 2, Flint issu du 3 ou Électro déchargé de l’Amazing 2 et rechargé dans ce troisième « Home ».

Dans le MCU phase 4, c’est certain, il y a de quoi s’y perdre et ce n’est pas « la dimension miroir » du Docteur Strange qui nous permet d’éviter le vertige. D’ailleurs Dr. Strange 2 prend appui sur ce Spider-man et figure depuis longtemps déjà parmi les prochaines sorties Disney-Marvel : sans compter que cet épisode justement, le bien nommé In the multiverse of madness, aurait été réalisé par un certain… Sam Raimi. Le sol se dérobe. Raccrochons-nous aux fils d’Andrew Garfield, de Tobey Maguire et de Tom Holland, tous les trois réunis dans No way home pour porter le costume et tout autant le même fardeau, le deuil d’un proche.

Sur ce point, No way home fait mieux qu’Avengers: Infinity War et substitue à la mort la perte de mémoire. Dans le film des frères Russo (2018) la disparition de la moitié de l’humanité ne nous touchait pas. Dans le Spider-man de Watts, l’enjeu dramatique de l’identité de Peter Parker, qu’il est nécessaire de cacher à nouveau, paraît supérieur. Dans la dernière scène, les regards de Peter sur MJ et Ned (Zendaya et Jacob Batalon) sont même assez touchants et, même si ses amis ne le reconnaissent plus, les fils invisibles qui les lient n’en sont pas moins solides. Au final, après Homecoming (2017) et Far from home (2019), ce Spider-man-ci par sa démultiplication gagne en singularité et boucle la « Home trilogy » de belle façon.

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6 commentaires à propos de “Spider-Man : no way home”

  1. Aucun personnage du Spiderverse mais tout de même une allusion à Miles Morales dans les dialogues (par Jamie Foxx qui imagine l’existence d’un Spider-Man noir dans un monde parallèle).
    Je compte sur une touche plus Evil Dead dans Multiverse of Madness qui trancherait avec la mise en scène très fonctionnelle de Jon Watts. Heureusement, les scénaristes assurent et, malgré tout, le réalisateur fait le job. Plus réussi que le Spider-Man 3 en effet, mais cette fois Peter Parker a un très bon avocat. 😉

    • Toi qui a vu le West Side Story version 2021, peut-être peux-tu me confirmer cette hypothèse : le Porto-ricain Miles Morales n’est pas dans la toile de Jon Watts car il danse et chante chez Spielberg, c’est ça ?

      Je souhaiterais moi aussi que Raimi fasse du Dr. Strange of Madness une originalité propre à son monde. Mais j’ai cru comprendre depuis l’éviction de Derrickson que le film ne serait plus tout à fait un film d’horreur, ce qui avait été d’abord annoncé. J’espère aussi que Raimi fait (a fait) le film pour de bonnes raisons et qu’il garde bien le contrôle de bout en bout. Les premières images vues ne permettent pas de se faire une véritable idée de ce que ce sera.

  2. Pas vu de Spider chez Jets ou chez les Sharks, mais son hip-hop la tête a l’envers aurait sûrement fait fureur.

    C’est vrai que les morceaux choisis post-générique ne laissent pas présager d’une descente « jusqu’en enfer ». Et pourtant, le bestiaire méphistophélien de la Marvel ne manque pas de candidats sérieux à mettre entre les griffes de l’evil Sam.

  3. Complètement d’accord avec toi, une jolie surprise pour un n°3, certes parfois une peu boursoufflé dans ses références et clins d’oeil tout azimuth mais ça reste fun et assez jouissif. Un très bon moment

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