Les spécialistes

Patrice Leconte, 1985 (France)

Clavier à gros boutons, cassettes VHS et voiture téléguidée, le matériel de ces spécialistes du cambriolage a vieilli. Le prétexte : un vol par la police corrompue de trois milliards planqués dans un casino niçois appartenant à la mafia. Le casse sans originalité est mené par un truand doublé et un flic manipulé… Le véritable intérêt réside dans le duo d’acteurs Bernard Giraudeau et Gérard Lanvin. L’un sort de L’année des méduses (Frank, 1984), l’autre de Marche à l’ombre (Blanc, 1984), tous deux la trentaine se sont forgé une image de casse-cou séducteurs, parfait pour le propos de Leconte. Dans cette histoire d’amitié virile, le seul personnage féminin (Christiane Jean) paraît bien superflu ; à ce niveau, elle n’est que l’inutile dédouanement d’un possible doute quant à la sexualité des deux héros…

Dans les années 1960 et 1970, le cinéma policier français (Verneuil, Melville…) puisait ses influences outre-atlantique et s’inspirait de films noirs et urbains. La décennie suivante gagna en légèreté et en aventures ce qu’elle perdit en psychologie et en atmosphère… En 1985, sort Hold-up d’Alexandre Arcady avec Belmondo également motivé par le vol d’une grosse somme d’argent (la banque de Montréal). Leconte, lui, faisait jusque-là des comédies de café-théâtre (Les bronzés, 1978, Viens chez moi j’habite chez une copine, 1981, Ma femme s’appelle reviens, 1982). Il s’en écarta avec Les spécialistes, transition ludique qui précède de plus intéressants projets (Tandem, 1987, Monsieur Hire, 1989, Le mari de la coiffeuse, 1990).

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2 commentaires à propos de “Les spécialistes”

  1. Un film que j’ai beaucoup visionné dans ma jeunesse et qui se laisse bien suivre, avec quelques répliques bien sympa et en effet un tandem amusant formé par Giraudeau et Lanvin.

  2. Contribution frenchie au caper movie, ce film de casse ludique et souvent contrarié (ici guère: tout est cousu de fil blanc et même « la femme » n’est pas celle à « chercher » !), nageant dans les eaux verdonneuses reliant des prods telles L’inconnu de Las Vegas à The italian job, forte d’une insacrifiable pointe Bebel -on est post-moderne ou on ne l’est pas !- (la gouaille, la roublardise goguenarde et les cascades), ce grand succès mid-80’s (Leconte est alors un peu le roi surbankable du cinoche popu français, Lautner et Oury s’essoufflant) se pose ainsi comme un rejeton de haut niveau (technique) de certains Robert Enrico et de quelques Henri Verneuil encore, en souffrant cependant un brin de tous les défauts de l’époque (Giraudeau et Lanvin ne brillent pas là par un sens de la composition ébouriffant et seul leur (évident) capital sympathie évite de trop râler à ces répliques (co-écrites par Michel Blanc) tombant souvent à plat ; quand bien certaines marquèrent en leur temps). On ne trouvera en revanche rien à redire à l’hénaurme efficacité de la chose, son rythme certain (ah ! c’est pas les interminables 90 minutes de mise en place du Milestone !) tandis qu’on préférera se percer les tympans plutôt que de s’enfiler une minute de plus la dégueulasse BO d’Eric Demarsan (plus brillant dans les L’armée des ombres !), lorgnant en vain vers ce qu’un Schifrin pourrait plaquer sur du thrilling pour grand espaces (trop de laborieux américanisme tuant l’américanisme).
    Une évidente référence ciné-sociologique cependant sur ce milieu des années 80, comme certains de Broca en leur sautillant temps.

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