Outlaw king : le roi hors-la-loi

David Mackenzie, 2018 (États-Unis, Royaume-Uni)

De l’exposition du corps démembré de William Wallace dans les grandes villes du royaume à la bataille de Loudon Hill, le premier film de David Mackenzie à s’intéresser à l’histoire suit la rébellion de Robert Bruce contre Édouard Ier roi d’Angleterre. Le territoire écossais inféodé depuis une dizaine d’années à la couronne d’Angleterre (après 1295) ainsi que la dispersion de ses comtes et de ses barons sur l’échiquier politique rendent difficile l’opposition du roi hors-la-loi au Plantagenêt et à son fils le prince Édouard. Crânes fendus et ventres vidés, la violence du film replace le contexte et à l’entreprise du roi Robert confère un caractère terriblement désespéré. En faisant de la sorte, David Mackenzie (avec Mark Bomback et David Harrower au scénario) rend plus éclatant les succès du roi Robert et bien sûr celui de Loudon Hill qui clôt le film.

Cette bataille qui s’est tenue le 10 mai 1307 oppose les guerriers écossais à la cavalerie lourde anglaise. Je ne sais pas si les forces en présence ont pu être estimée par les historiens, mais elles le sont dans le film : quelques centaines du côté écossais (et avec eux, ce qui est assez surprenant pour le remarquer, un petit groupe de Français) face à 3000 Anglais bientôt empêtrés dans le terrain marécageux où le roi Robert a décidé de livrer bataille. La mêlée est impressionnante et pour les Anglais particulièrement sanglante. L’histoire place le prince Édouard à la tête de l’armée mais, selon ce que rapporte Hervé Dumont sur son site, il ne s’y trouvait pas. C’est Aymar de Valence qui conduisait les troupes ce jour-là. D’ailleurs, la mort d’Édouard Ier, celui qui a parfois été surnommé le Malleus Scotorum (ou « Marteau des Écossais »), n’intervient qu’après cette bataille et non juste avant l’assaut comme il est raconté dans le film.

Robert Bruce est montré en héros (Chris Pine plutôt bien dans le rôle) ; son histoire d’amour avec Élisabeth de Burgh (Florence Pugh) fait d’ailleurs de lui un homme très respectable et particulièrement délicat à l’égard de celle qu’Édouard Ier (Stephen Dillane) a désigné comme sa femme. À l’inverse, les Anglais ont toutes les tares, notamment le prince (Billy Howle) cruel et puéril (par exemple à l’égard du seigneur et chef d’armée Aymar de Valence joué par Sam Spruell), mais également mauvais tacticien et finalement pleutre. Parmi les acteurs, James Cosmo qui incarne le vieux Robert Bruce, sixième du nom et père du roi Robert, fait le lien avec Braveheart de Mel Gibson (1995), Cosmo y interprétait un chef de clan.

Outlaw king se démarque toutefois de Braveheart par une réalisation plus sèche et certainement plus nerveuse. Même si les déplacements dans les paysages naturels écossais offrent de magnifiques panoramas, le film ne cherche pas à reproduire le souffle épique du film de Gibson (Barry Ackroyd à la photo, connu pour avoir beaucoup travaillé avec Ken Loach et Paul Greengrass). Quelques plans se démarquent aussi comme l’introduction en plan-séquence qui se finit sur l’utilisation d’une catapulte géante avec feu grégeois contre le château d’un mauvais sujet. Sans être exceptionnel, Outlaw king n’est pas déplaisant et on se demande si la réapparition de Robert Bruce a quelque chose à voir avec la récente sortie du Royaume Uni de l’Union européenne.

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