OSS 117, Le Caire nid d’espions

Michel Hazanavicius, 2006 (France)

En dépit de vilains préjugés se rapportant au sujet, au réalisateur dont je ne connaissais que La classe américaine (co-réalisé avec Dominique Mezerette et sorti en 1993) et à la comédie française actuelle en général, je me suis réellement surpris à rire devant OSS 117. Voilà une excellente comédie, ce qui avec de tels moyens n’est pas si fréquent, d’espionnage qui plus est et, cerise sur le gâteau, tout en références aux productions cinématographiques des années 1950-1960.

Les acteurs : Jean Dujardin est très bien en faux « Bond » époque Sean Connery, presque mal doublé (ou faussement post synchronisé puisque c’est l’effet recherché), gros bêta (« j’aime me battre »), colonialiste prétentieux et imbu de sa personne. Il se détache nettement du lot. Les filles, elles, sont correctes mais, à l’inverse, ne s’imposent pas vraiment ou restent fades (Aure Atika).

La photo : c’est la clef du film et ce qui nous fait basculer inévitablement dans les films américains des années 1950-60. Le réalisateur tourne en Technicolor et donne un caché inattendu au film. C’est à Hitchcock que l’on pense en premier, à Vertigo (1958), ou, pour la course-poursuite dans les ruelles du Caire, L’homme qui en savait trop (la seconde version de 1956). Citons encore pour le rôle féminin (Bérénice Béjo) et ses robes si strictes et si rétros, Diamants sur canapé de Blake Edwards (1962).

D’espionnage, il est question. Et c’est reparti pour des références directes à James Bond (la scène dans le sauna pour ne citer qu’un exemple). Le personnage de Hubert Bonisseur de La Bath est un pastiche de l’espion-héros, comme l’a été Pierre Richard dans Le grand blond avec une chaussure noire d’Yves Robert (1972) ou, pour évoquer une série télé de seconde zone, Max la menace. Ce sont tous des mauvais sauvés par un éclair de génie ou par une chance extrême.

Les dialogues sont assez savoureux ; les sketches sont généralement bons, c’est vrai qu’on y trouve l’humour « made in Canal + », parfois aussi jusque dans ses défauts (les flash-backs « on était de bons copains » sont abusivement répétés). L’impro sur Bambino dans un restaurant typique est tordante. Le personnage de Dujardin rien qu’en lui-même est amusant. Le coup du muezzin est peut-être attendu mais on sourit. Les scènes ayant lieu dans le poulaillé sont aussi fracassantes. Une des répliques les plus truculentes : Hubert est chargé, en plus de la mission de base, de « mettre un peu d’ordre dans le Proche Orient ». Que n’est-il pas capable d’accomplir ?

L’exemple le plus récent de parodie d’espionnage est Austin power de Jay Roach avec Mike Myers (1997-1999), bien plus psychédélique à l’image, mais surtout bien plus gras dans ses sketches… OSS 117 va plus loin : on découvre en voyant ce film des prétentions auxquelles on ne s’attendait pas ainsi qu’un hommage réussi. Les objectifs fixés sont atteints. OSS a sa place parmi les excellents espions bidons et vivement la suite, OSS 117 : Rio ne répond plus prévu pour 2009 !

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Une réponse à “OSS 117, Le Caire nid d’espions”

  1. C’est vrai que cette nouvelle version de OSS 117 est très réussie (je rappelle que c’est une reprise des fameux films sortis dans les années 1960 : Furia à Bahia pour OSS 117, Banco à Bangkok pour OSS 117, tous deux d’André Hunebelle, ou encore Pas de roses pour OSS 117 de Renzo Cerrato). La parodie de ces films d’époque, réalisée avec une grande minutie, est vraiment très drôle !

    Jean Dujardin (qui ressemble beaucoup d’ailleurs par son humour et son physique à mon cousin Loïc, soit dit en passant, même si vous ne le connaissez pas et que ça n’intéresse personne…) a particulièrement soigné et travaillé ses mimiques typiques des acteurs/charmeurs de l’époque, un peu à la manière de Bruce Baxter dans l’excellent King Kong de Peter Jackson sorti en 2005. C’est sûr que ça change de Brice de Nice ou de son récent rôle dans Ca$h, pas franchement mémorable… Du sur-mesure pour lui pour une vraie bonne comédie bien décalée !

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