Mary et Max

Adam Elliot, 2009 (Australie)

Mary et Max est un film en pâte à modeler réalisé de manière artisanale et extrêmement minutieuse ; c’est d’ailleurs le quatrième du genre réalisé par Adam Elliot (dont le célèbre Harvie Krumpet sorti en 2003) et de loin le plus abouti. Dans ce genre on connaissait déjà le travail remarquable de Nick Park avec Chicken run (2000) ou encore les aventures de Wallace et Gromit (par exemple Le mystère du lapin-garou, 2005), mais aussi celui, provenant des mêmes studios Aardman, de Richard Goleszowski avec Robbie le renne.

Mary et Max relate la correspondance cocasse et attachante de deux personnages très solitaires chacun à leur façon : Mary, jeune fille complexée et rejetée vivant dans un quartier de Melbourne dont les parents brillent par leur absence et Max, un juif quadragénaire obèse souffrant du syndrome d’Asperger qui, lui, habite en plein cœur de New York. Outre leur solitude, ils ont d’autres points communs qui les lient par voie postale pendant une vingtaine d’années, principalement une série télé dont ils collectionnent les personnages, les « Noblets », et le goût immodéré pour le chocolat.

Mary a une tâche marron « couleur caca » au milieu du front qui la complexe énormément et qu’elle espère un jour faire disparaître grâce à la chirurgie esthétique. Ses yeux sont « couleur d’eau boueuse » et elle porte de grosses lunettes : pas vraiment un canon de beauté et on le lui fait bien remarquer. Elle aime par dessus tout le lait concentré sucré et le chocolat en regardant sa série télé préférée. Elle vit sa vie selon la couleur de sa bague d’humeur et aime fabriquer des colliers avec des paquets de chips ratatinés. Son père travaille dans une usine où il attache les ficelles aux sachets de thé. Il est aussi taxidermiste amateur (pour cela il ramasse les oiseaux morts sur le bord de la route). Sa mère aime beaucoup (trop) le sherry, écouter le cricket à la radio et voler à l’étalage. Mary aide son voisin agoraphobe et cloué sur un fauteuil roulant en allant lui chercher son courrier quotidien. Mary est amoureuse en secret de son autre voisin, qui est grec, Damian Cyril Popodopoulos, car « il sent bon le liquide vaisselle au citron et à la peau plus douce que le dos d’une cuillère ». Elle possède également un poulet apprivoisé.

Max est athée, pèse exactement 159 kilos, possède huit survêtements de la même couleur, conserve ses ongles dans des bocaux classés par année lorsqu’il se les coupe et, à défaut de véritable compagnie, a un ami imaginaire (Mister Alfonso Ravioli, assis sur un tabouret et lisant des livres sur le développement personnel ; il aspire un jour à quitter l’appartement de Max pour découvrir le monde) et quelques animaux : le chat éborgné appelé Hal (car il a mauvaise haleine), Mister biscuit une perruche parano, et Henry un poisson rouge constamment renouvelé : à chaque nouveau poisson celui-ci s’appelle Henry le 5ème, Henry le 6ème, etc.

Le film fourmille de détails croustillants et absurdes, des trouvailles à la fois drôles et poétiques et l’on se retrouve tant émus qu’amusés devant toute cete inventivité… Surtout lorsque l’on sait que Max est inspiré d’une vraie personne portant le même prénom, qui correspond avec Adam Elliot depuis plus de vingt ans. C’est une sorte d’hommage que lui rend donc le réalisateur à travers ce beau film. De plus, les images et les couleurs sont superbes (dans des tons marrons pour l’Australie et noirs et blancs pour New York), loin de l’esthétisme high-tech et trop coloré des films actuels abusant des images de synthèse… C’est certain, Mary et Max est autrement plus touchant !

Ludovic

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Une réponse à “Mary et Max”

  1. Oui, c’est un film vraiment touchant. Quelques longueurs (ce qui est à peine croyable quand on repense à la technique de réalisation), mais touchant. La solitude de ces personnages et leur attachement farouche à quelques petits riens donnent matière à réfléchir sur l’épaisseur de notre vie quotidienne.

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