Maison du diable, La (The haunting)

Robert Wise, 1963 (États-Unis, Royaume-Uni)

Robert Wise est l’auteur de plusieurs classiques : Le jour où la Terre s’arrêta (1951), West side story (1962), La canonnière du Yang-Tse (1967) pour ne citer que les plus célèbres. La maison du diable marque pour Wise un retour au fantastique (La malédiction des hommes-chats en 1944 était sa deuxième réalisation). Ici, un para-psychologue, le docteur Markway (Richard Johnson), réunit un groupe de personnes dans un manoir de sinistre réputation afin d’y étudier des phénomènes qui dépassent l’entendement. Très vite, l’une des observatrices, Eleanor (Julie Harris), femme fragile et dépressive, ressent plus que les autres l’influence néfaste de la demeure.

On pourrait croire, compte tenu de la date du film et comparé aux films d’épouvante actuels, que l’on va sombrer dans le kitsch et la rigolade. Que nenni. Ce métrage reste le meilleur sur le thème de la maison hantée. A chaque scène, Wise instille la peur par un travail sur l’image (le noir et blanc renforce les ombres et les perspectives, il accentue le climat de terreur). De même, la bande son est oppressante, voire assourdissante. Plutôt que de montrer, il suggère, ce qui amplifie notre crainte de l’invisible et de l’inconnu. L’histoire, tout en s’intéressant aux phénomènes étranges, dresse le portrait d’une femme qui perd le sens des réalités. L’ensemble est absolument bien mené.

Inégalé, La maison du diable demeure aujourd’hui un grand classique du cinéma fantastique. Son pâle remake, Hantise (Jan de Bont, 1996), le dénature totalement. Seul Alejandro Amenábar avec Les autres en 2001 a su apporter un peu de sang neuf au thème de la maison hantée.

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7 commentaires à propos de “Maison du diable, La (The haunting)”

  1. Frigide et schizophrène, au chevet de sa mère toute sa vie de vieille fille, en proie à des pulsions mortifères, Eleanor a un profil vraiment très ressemblant à celui de Marnie de Hitchcock, sorti l’année suivante.

    Haunting-Eleanor

    La maison du diable a cela de captivant que le fantastique naît de la mise en scène et, outre le décors, du point de vue de la caméra et de ses nombreux mouvements. Les contre-plongées sont autant menaçantes que les plongées. Les zooms et les recadrages suggèrent la pression constante et le harcèlement que les personnages éprouvent dans cette imposante demeure (les multiples regards des statues et des bustes placés en amorce ou en plein cadre, le rapprochement des murs, les arcades et les ogives qui semblent peser sur les épaules des uns ou des autres…).

    Mais La maison du diable captive aussi parce que tout dans le film gravite autour de la frustration d’Eleanor et son attirance pour le Docteur Markway (« Finirais-je un jour par rencontrer l’amour ? »). En un fondu enchaîné, le seul tête-à-tête d’Eleanor avec le Docteur est suivi d’un sermon biblique très clair sur le sujet : « Luxure, ma fille préserve-toi ».

    On peut même écarter tout fantastique pour expliquer le « suicide » d’Eleanor : ni possession, ni hantise, seulement la présence d’une femme (faisant son apparition au centre du film) qui a sur Eleanor un terrible avantage, avoir connu le Docteur avant elle et être devenue son épouse.

  2. J’ai eu un petit temps d’adaptation avec la voix off qui m’a paru être une inutile béquille aux images qui suggéraient assez largement l’état du personnage principal.
    Il est vrai que Wise arrive à faire de la maison un personnage à part entière comme reliée à Eleanor.

  3. Chef-d’oeuvre d’horreur sonore – et il faut lire, encore et encore, la grande Shirley Jackson, notamment son recueil de nouvelles intitulé La Loterie ou son autre roman « hanté », plus drolatique mais tout aussi vénéneux, Nous avons toujours habité le château !

    La « première femme » évoquée par B. Fauré se trouve également dans… Rebecca.

    Le remarquable Robert Wise signa un second film fantastique troublant et bouleversant, vraie-fausse réponse à L’exorciste, célébré par nos nos soins.

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