Louise-Michel

Gustave Kervern, Benoît Delépine, 2008 (France, Groland)

Louise Michel est une figure emblématique du mouvement anarchiste, une militante du monde ouvrier qui fut l’une des actrices majeures de la Commune de Paris. C’est elle qui popularise le drapeau noir et reste encore aujourd’hui une personnalité révolutionnaire forte qui lutta en faveur du prolétariat*. Et c’est bien le monde ouvrier, constitué d’une classe sociale « basse » écrasée par les patrons sans scrupules, qui est représenté dans ce long métrage signé Gustave Kervern et Benoît Delépine, co-auteurs et acteurs de l’émission Bienvenue au Groland diffusée depuis près de dix ans sur Canal + et réalisateurs de Aaltra en 2004 et Avida en 2006. C’est ce même humour satyrique, noir, ironique, trash, caustique que l’on apprécie tant dans la présipauté qui est ici décliné. D’ailleurs, même si Louise Michel se déroule en France et en Belgique principalement, les lieux de tournage ne sont pas sans rappeler Groville et Mufflins !

En une nuit, un patron déménage l’intégralité de ses machines pour délocaliser son usine. A leur arrivée le lendemain matin, les ouvrières ont donc la mauvaise surprise de trouver leur lieu de travail, que certaines occupent depuis une bonne vingtaine d’années, entièrement vide. Hébétées et en colère, elles décident de mettre leurs indemnités en commun et, sur proposition de Louise (Yolande Moreau), engagent un tueur à gages « professionnel », Michel (Bouli Lanners). S’ensuit alors une chasse au(x) patron(s) complètement rocambolesque, improbable et difficilement descriptible (c’est donc à voir !).

L’éternel pot de terre contre le pot de fer… Des petites gens écrasées par la grosse machine, genre « World Company », qui ne se laissent pas faire : la France d’en bas, très à gauche, se rebelle ! Cette fable sociale fait la part belle aux « gueules » (et quelle gallerie de portraits !), le tout avec le ton décalé, absurde mais néanmoins poétique qui faisait déjà la beauté d’un film tel que Les convoyeurs attendent (Benoît Mariage, 1999) dans lequel figurait déjà, dans un rôle similaire, l’irrésistible Bouli Lanners (coach d’ouvertures de portes aux méthodes américaines…). Un loser attachant à mourir de rire ! Idem pour ce même type de personnage dans J’ai toujours rêvé d’être un gangster (Samuel Benchetrit, 2008) dans lequel il enlevait avec un de ses comparses une jeune fille (pour moi le meilleurs sketch du film !). Je n’ai toujours pas vu Eldorado (sur lequel les avis divergent), sorti l’an passé, mais adorant le bonhomme je pense que je serai bon client ! Bouli joue également dans le prochain film d’Albert Dupontel, Le vilain, aux côtés de Catherine Frot (sortie prévue le 18 novembre prochain).

A ses côtés, celle qu’on ne présente plus : Yolande Moreau. Elle a récemment reçu le César (pour la deuxième fois !) de la meilleure actrice pour son interprétation époustouflante de Séraphine (Martin Provost, 2008). Elle forme avec Bouli un duo particulièrement déjanté… Surtout lorsqu’on apprend qu’elle est en réalité un homme et lui une ancienne lanceuse de poids (prénommée Cathy) dopée aux hormones par ses parents! Et dire qu’ils auront un enfant…

Louise Michel est à hurler de rire grâce à bon nombre de scènes bien glauques. Il faut aimer cet humour, moi j’en raffole… Comme dit précédemment, les deux acteurs principaux sont excellents et les seconds rôles là aussi soignés : Mathieu Kassovitz, Christophe Salengro (le président du Groland en personne !), Benoît Poelvoorde, Francis Kuntz, Albert Dupontel, Philippe Katerine et les deux auteurs de ce petit bijou, Gustave Kervern et Benoît Delépine. A consommer sans modération.

*Deux groupes de rock français tirent leur patronyme de Louise Michel : Les Louise Mitchels et les plus connus Louise Attaque.

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