Les quatre filles du Dr March (Little women)

Mervyn LeRoy, 1949 (États-Unis)

Le film est délicat, peut-être trop eu égard au contexte décrit, celui de la Guerre de Sécession du point de vue des familles, du dénuement qui parfois s’installe, conforte une maladie mortelle dans un joli foyer et rend les hivers plus rigoureux et plus longs qu’ils ne le sont réellement. Le film est délicat à ce point que jamais, ou si peu, il n’inquiète le spectateur, peut-être davantage toutefois l’enfant que l’adulte, et que durant toute l’histoire le ton reste enjoué et le plaisir de celui à qui on la raconte à peu près constant.

Il est vrai que le film est très redevable au Chant du Missouri sorti en 1944. Plusieurs acteurs ont été rappelés pour tourner Little women. Ainsi, Mary Astor et Leon Ames ne jouent plus Mr et Mrs Smith, parents chéris à Saint-Louis dans le film de Minnelli, mais Mr et Mrs March, époux contraints par la guerre, l’homme parti se battre sous les ordres de Lincoln, Madame gardienne d’un foyer animé dans une bourgade du Massachusetts. Parmi les quatre filles du docteur, l’épatante Margaret O’Brien (Beth) qui, après son rôle troublant pour Minnelli, se retrouve à nouveau la plus petite de la famille au cœur des moments les plus touchants du film. C’est la scène du piano offert par un voisin doublement respectable (tant par sa richesse que par son âge), grand-père bienveillant pour la musicienne en herbe qu’elle s’en va aussitôt retrouver et embrasser. C’est aussi, dans une autre scène, ses paroles voulues rassurantes adressées à son aînée Jo alors qu’elle-même, la plus jeune des sœurs, se sait mourante.

Considérant la forme, on peut facilement comparer la broderie qui sert d’image d’introduction puis s’anime, montre la rue et la maison de la famille March, à ces quatre tableaux saisonniers du film de Minnelli, images fixes qui soudain aussi s’animent. On retrouve encore dans les deux films les bals et les robes splendides, la force du Technicolor mettant en valeur des décors soignés , l’image des plus jeunes filles qui espionnent derrière la rampe d’un escalier, les saisons qui défilent et la vie avec…

D’autres éléments rapprochent Little women de Meet me in St. Louis. Par exemple, l’époque décrite : le XIXe siècle ébranlé par la guerre civile dans Les quatre filles et son crépuscule dans Le Chant du Missouri (1904 vu depuis 1944, la veille de la Première Guerre mondiale représentée à l’intérieur de la Seconde depuis un sol épargné). Ensuite, ce qui est directement lié à ces périodes inquiètes, les deux films ont en commun leurs valeurs, le courage d’une famille et cette valorisation du foyer.

Les quatre filles du Dr March défile dans un certain classicisme et sans réelle surprise, c’est vrai. Mais il n’en demeure pas moins un joli film, dans lequel chacun des acteurs et des actrices en particulier rend fort attachant son personnage. Il faut citer les autres sœurs, chacune jouant sur sa propre partition, distinguant leurs caractères complémentaires : June Allyson qui affirme son indépendance de jeune femme et d’écrivain (Jo ; Constance Bonacieux dans Les Trois Mousquetaires de George Sidney, 1948), Elizabeth Taylor intéressée quand il s’agit de futilités (Amy) et Janet Leigh dans une sensibilité plus romantique (Meg). Alors que Meg et Amy finissent par faire de bonnes épouses, des femmes au foyer pour des hommes à la situation honnête, l’histoire montre en dernier lieu le prix de l’émancipation féminine dans ces années 1860 : Jo est la seule à vouloir travailler, à ne pas vouloir dépendre de l’argent d’un mari au-dessus d’elle et finit par se marier avec un lettré sans-le-sou.

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