Les filles du Docteur March (Little women)

Greta Gerwig, 2019 (États-Unis)

A propos de ces Little women-ci, plusieurs choses ne vont pas. En premier lieu, le montage qui, avec des flash-backs nombreux et perturbants, ne rythme pas mieux que si le découpage avait respecté le fil chronologique comme dans les versions précédentes. Les allers et retours incessants donnent l’impression d’une lecture constamment interrompue du livre et d’un marque-page trompeur jamais placé au bon endroit. Le récit en lambeaux empêche l’intensité des relations : entre Laurie et son tuteur (ce dernier apparaît à peine), entre Beth et le vieux M. Laurence qui perd toute la sévérité décrite dans le roman, jusqu’à la relation des quatre filles envers leur père nettement atténuée… Ensuite, l’âge ou le physique de plusieurs acteurs ne convient pas au rôle. Laurie interprété par Timothée Chalamet est un adolescent qui, dix ans plus tard ou dix ans plus tôt, ne vieillit pas. Amy interprétée par Florence Pugh n’est pas assez petite fille (même à l’école, elle semble plus grande que toutes). Les autres actrices (Laura Dern, Saiorse Ronan, Emma Watson…), même quand on les apprécie ailleurs (et parfois follement), ne montrent ici rien d’exceptionnel. Enfin, si la réalisation de Greta Gerwig est plutôt discrète dans l’ensemble, de « petits » effets, des ralentis notamment, dont elle n’abuse certes pas, s’avèrent aussi lourds qu’inutiles. De ces deux longues heures, on sauve néanmoins les plans larges sur la plage (jolis tableaux XIXe) ainsi que les cinq dernières minutes plutôt amusantes. Il semble que le moment féministe que connaît le monde du cinéma (depuis 2018 et l’affaire Weinstein) ne pouvait se passer du texte de Louisa May Alcott. On n’en préfère pas moins n’importe laquelle des relectures passées, Les quatre filles du Docteur March de Gillian Armstrong (1994), la version de Cukor (1933) ou bien les Little women de LeRoy (1949).

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2 commentaires à propos de “Les filles du Docteur March (Little women)”

  1. Complètement d’accord avec toi, ce montage avec ces flashbacks peu opportuns casse le rythme, ce qui empêche aussi aux émotions de se façonner. La matériau d’origine permet au film de séduire, mais on lui préférera effectivement les versions précédentes.

    • L’intérêt du film tient dans son actualité, le face à face de Jo avec son employeur à discuter propriété intellectuelle, droits d’auteur et pourcentages… Aucun film n’a insisté comme cela sur cette relation au patron et l’argent obtenu par la publication dans les journaux. Ces images en disent autant sur notre temps que sur l’époque décrite : la femme bataille pour obtenir indépendance et respect.

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