Le corbeau (The raven)

Louis Friedlander (Lew Landers), 1935 (États-Unis)




Le corbeau est l’une des sept rencontres sur pellicule entre Bela Lugosi et Boris Karloff. Louis Friedlander, petit artisan qui ne réalise que cinq métrages (dont un curieux Return of the vampire en 1944) imprègne son récit de toute l’atmosphère qui se dégage des textes d’Edgar Allan Poe. Le mystérieux Dr. Vollin (Bela Lugosi) est épris de l’auteur américain et de son œuvre. Le poème Le corbeau est son favori et quand, avec son célèbre accent d’Europe centrale, il en récite des passages (« Back into the chamber turning, all my soul within me burning, Soon again I heard a tapping somewhat louder than before »), son air est inquiétant, presque effrayant.

Vollin est un chirurgien qui s’est retiré de la médecine pour ne plus s’occuper que d’obscures recherches. Cependant un juge (Samuel S. Hinds) le sollicite et insiste pour qu’il sauve la vie de sa fille Jean Thatcher (Irene Ware). Soit. Il sauve la vie de la belle. Puis il en tombe amoureux, mais ni le juge son père, pas plus que l’intéressée ne veut consentir à ce que, d’une façon ou d’une autre, il s’en rapproche. Comme il l’explique lui-même, pour éteindre son ardent désir, il choisit de se débarrasser de la demoiselle. A cette sinistre fin, il profite de l’aide regrettée de Bateman (Boris Karloff), criminel dont il a opéré le visage et qu’il a transformé en monstre. L’homme malheureux confirmera-t-il l’hypothèse émise : « Peut-être que si un homme est laid, il commet de vilaines choses » ? Une salle des tortures reproduisant les instruments décrits par Poe dans la nouvelle The pit and the pendulum* sert de décor aux dernières scènes. L’ombre de l’oiseau de mauvaise augure plane sur le personnage fou de Vollin mais les invités qu’il a réunis dans son manoir pour accomplir ses sadiques méfaits, grâce au sacrifice de Bateman, échapperont à ses serres.

Le corbeau est réussi pour trois raisons. Sans être d’excellents acteurs, Lugosi et Karloff sont plein de charisme et bénéficient grâce à leurs filmographies fantastiques d’une aura certaine. La photographie met en valeur un très beau noir et blanc. Par le montage et les rebondissements, le rythme enfin est bien tenu (le film ne dure que 61 minutes). Ne « jamais plus » voir ce film ? Non, pourquoi dites-vous cela ?





* Roger Corman adapte huit histoires de Poe, dont La chambre des tortures en 1961 avec Vincent Price à partir de The pit and the pendulum et Le corbeau l’année suivante avec Vincent Price, Peter Lorre, Jack Nicholson et Boris Karloff.

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