L’affaire Farewell

Christian Carion, 2009 (France)

Christian Carion réalise en moyenne un film tous les quatre ans et se plonge à chaque fois dans des genres très différents : Une hirondelle a fait le printemps (2001), Joyeux Noël (2005) et celui qui nous intéresse, L’affaire Farewell.

Cette affaire d’espionnage est inspirée librement de faits réels intervenus en pleine Guerre Froide au début des années 1980. Un colonel du KGB, Sergueï Grigoriev (Emir Kusturica), fournit des informations secrètes à François Mitterrand sur l’empire soviétique. L’élection en France de ce dernier, qui constitue un gouvernement avec quatre membres communistes, n’est pas vu d’un très bon œil par le président américain Ronald Reagan. Néanmoins, grâce aux informations fournies, dont le relais se fait dans le film par un ingénieur français en poste à Moscou, Pierre Froment (Guillaume Canet), l’entente franco-américaine reprend de la vigueur et contribue ainsi à affaiblir considérablement le régime soviétique.

L’affaire Farewell est une bonne surprise, un bon film d’espionnage (et pas d’action) quasiment sans fausse note, exception faite d’une contextualisation un peu forcée, comme par exemple au tout début où l’on voit une partie de tennis retransmise à la télé opposant Borg à Mc Enroe ; idem pour Ronald Reagan qui regarde aussi à la télévision un bon western (L’homme qui tua Liberty Valance de Ford (datant de 1961), cela afin de souligner le côté cowboy de l’homme politique et rappeler un peu bêtement sa précédente carrière. Ce sont des détails.

La réalisation de Christian Carion est sobre et efficace. Le récit se déroule de manière limpide et fluide. Il évite de ce fait les intrications propres au film d’espionnage. Au-delà de ce récit d’envergure, Christian Carion filme à échelle humaine les deux principaux protagonistes : l’ingénieur français et le colonel russe. Il montre leurs points communs, leurs différences et les risques qu’ils prennent et font prendre à leurs familles. Le duo Guillaume Canet – Emir Kusturica fonctionne à merveille, même s’il est vrai que la présence exceptionnelle de l’acteur serbe à l’écran éclipse quelque peu celle du Français. Il faut dire que c’est aussi dû à leurs rôles et fonctions dans le film : Guillaume Canet incarnant un simple ingénieur se retrouvant pris dans un engrenage malgré lui (à peu de choses près, le même rôle qu’il tenait déjà dans Espion(s) sorti quelques mois plus tôt !) et Kusturica, colonel à la carrure plus imposante. De plus, le réalisateur a soigné son casting et place Niels Arestrup, David Soul, Willem Dafoe et même Diane Kruger (elle, dans une brève apparition) parmi les second rôles … Un casting international qui donne davantage de crédibilité au film (pas de distribution franco-française ; ouf, pas de Clovis Cornillac à l’horizon !).

Le film est réussi, sans artifices (ni explosion, ni courses-poursuites) et intéressant jusqu’au bout.

Ludovic

RSS
Follow by Email
Twitter
Visit Us

Une réponse à “L’affaire Farewell”

  1. Le film est pas mal malgré des défauts en effet : ceux que tu cites ainsi que les apparitions des présidents Mitterrand et Reagan (nous aurions préféré les hommes de pouvoir moins accessibles, les cabinets où tout se décide moins visibles) et cette étrange scène qui montre un concert de Queen quelque peu hors sujet…

Répondre à Benjamin Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*