Ghosts of Mars

John Carpenter, 2001 (Etats-Unis)

Un scénario de jeu de rôle pur jus entre les pattes, une rythmique hard rock maison, fusillades à tout va et membres découpés, Ghost of Mars ne fait pas dans la dentelle. Maître du genre, Carpenter livre une série B fauchée mais assumée.

SIMPLE ET BANCAL
L’essentiel de l’aventure est un témoignage de la seule survivante, le lieutenant Mélanie Ballard (Natasha Henstridge), devant un collège de dirigeants. Le découpage du récit est curieux (flash-backs à répétition). Il propose en effet plusieurs points de vue mais rapportés par la seule et même personne (des problèmes au montage ?). Commune à quelques westerns, l’intrigue est également voisine de celle de Vampires (1997) et plus encore de La planète des vampires (Bava, 1965) : un petit groupe tente de se débarrasser d’hommes toujours plus nombreux qui, selon le cas, sont possédés par des esprits extraterrestres ou sont devenus vampires.

DE BRIC ET DE BROC
Les décors et accessoires sont bon marché (peut-être une réutilisation de ce qui avait servi pour Total recall de Verhoeven et datant de 1990, les plans extérieurs et les maquettes y ressemblent). La bonne vieille machine à fumée est de sortie (la lumière qui l’éclaire est rouge et non plus verte comme dans Le prince des ténèbres, 1988). Autour du réalisateur de Halloween (1978), plusieurs têtes connues et si possible de belles gueules : Ice Cube et Jason Statham du côté des mâles dominés, la blonde Natasha Henstridge (La mutante de Roger Donaldson, 1995 et ses suites, La mutante 2 et 3, Medak, 1998, Turner, 2004), Pam Grier (Jackie Brown, Tarantino, 1998 ou une des perles de Carpenter, Los Angeles 2013, 1996) et Clea DuVall du côté des donneuses d’ordre. Ghosts of Mars ne pèse pas lourd et suggérons de puiser plutôt ailleurs dans la filmographie de Carpenter pour voir ou revoir ses réussites (Invasion Los Angeles, 1989, New York 1997, 1981, Assaut, 1978…).

MALGRÉ TOUT, POUR ALLER PLUS LOIN
Sur Devildead, Christophe Lemonnier et Eric Dinkian nous proposent de petits essais d’analyses (sur le choix d’une société matriarcale notamment ou une comparaison avec Rio Bravo de Hawks, 1959). De même, sur Film de Culte, Benjamin Parent établit aussi un parallèle avec le western et s’arrête un instant sur le personnage du bon criminel, Desolation Williams (cousin de Snake Plissken). Enfin, pour une approche plus politique et plus stimulante, Frédéric Bas (Chronicart) évoque de son côté une redistribution des rôles sociaux (de criminel à justicier) et le retour du fantasme du colonisateur. Il interroge ce dernier point et le replace dans son contexte : « A quoi sert-il alors de rapprocher les minorités d’ici et maintenant (Los Angeles 2001) si c’est pour promouvoir la création d’un groupe sur l’élimination d’un autre tiers ? ». A une autre échelle, Avatar de Cameron (2009), dans lequel les colons sont définitivement chassés, entrerait en opposition avec Ghost of Mars qui montre des colons chassés mais avides de vengeance (le dernier plan)…

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4 commentaires à propos de “Ghosts of Mars”

  1. Serait-ce l’apanage des grands manipulateurs d’images 70’s de se recycler, le XXIe venu, en d’improbables pot-pourris auto-célébrants : DePalma et sa Femme fatale, Argento et son Card player et… John Carpenter avec ses (hâtifs) Fantômes de Mars ?
    Convoquant nombre de ses motifs, de ses intentions et de ses antiennes (la contamination de The thing (mais aussi celle, d’opinion, d’Invasion Los Angeles), le dispositif riobravesque d’Assaut, l’anti-héroïsme badboyeux de New York 1997, la dénonce des régimes totalitaires et violemment normatifs de Los Angeles 2013 et l’escouade enfouraillée de Vampires) tel un feu d’artifices pour aficionados, le pépère charpentier tente en outre de ne pas demeurer en reste face au contemporain déballage fun’n’dénonciateur d’un Verhoeven starshiptroopé (mais aussi la nouvelle importance du videogame !).
    Toutefois il est possible de rester sur sa faim (voire d’être franchement déçu !) en regard d’une enfilade de scories ne permettant pas un deuxième souffle passé celui, complice, de l’amateur ou du brillant analyste voyant clair dans son jeu pro-indians, me prend pas pour un cave Johnnie-John. Montage discutable (la fausse bonne idée quasi-rashomoneuse du récit en flash-backs enchâssés), casting vainement pléthorique (inutilité de Pam Grier, for example) et deuxième moitié (après un interlude assez comique avec les libérateurs de Desolation Williams) un rien trop shoot’em up pour convaincre sincèrement.
    Restent une cinéphilie intacte (Hawks en tête mais aussi Roy Ward Baker et son Quatermass), un sens du politique peu correct stimulant (l’héroïne n’est sauve que par sa « toxicomanie ») et un premier degré trop rare dans ce genre d’affaires de nos jours.

  2. Carpenter, c’est toujours du solide même dans ses films les plus mineurs. Il a depuis 30 ans redonné des lettres de noblesse à un genre trop souvent sous-estimé. Je conseille au cas où non vu Fog (1980), Christine (1984), Vampires et surtout L’antre de la folie (1995).

  3. Ah! d’accord pour L’antre de la folie ! Mais il ne faut pas oublier New York 1997 (un peu vieilli aujourd’hui mais quel impact à l’époque), le trop méconnu Invasion Los Angeles et le formidable remake (pour une fois) de The thing.

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