Femme fatale

Brian De Palma, 2002 (États-Unis, France)



Le téléviseur qui diffuse Borderline (1950) fait l’effet d’un miroir. Rebecca Romijn-Stamos regarde le polar allongée sur son lit, une cigarette à la main, nue : on la devine fatale comme la blonde sur l’écran. Sortie de la chambre d’hôtel, la sulfureuse s’introduit au palais du festival de Cannes, le soir de la projection d’Est-Ouest de Wargnier (1999). De là, il y est question d’un bijou très cher, de voleurs infiltrés puis dupés, d’une diversion lesbienne, l’ensemble mis en mouvement avec sophistication, rythmé par le montage et l’enjeu (et non par le boléro de Ravel repris par Sakamoto et dont la très caractéristique caisse claire disparaît presque étouffée). Le réalisateur souhaite marquer nos esprits d’images entêtantes et parfois, par leur répétition, y parvient (les longues jambes d’une fille pourchassée dans la rue). Du bout de l’objectif porté par Antonio Banderas, il se donne l’occasion d’un voyeurisme sans intérêt (œil de la caméra, clichés de paparazzi, strip-tease…) et, bien sûr, « déjà vu » par le passé (Body double, 1985). L’ivresse des déplacements d’appareils et la construction complexe des séquences peuvent intéresser, mais le récit lelouchien, l’action en plus, et les personnages beaux mais absents révèlent bien vite le manque de consistance de la production.

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3 commentaires à propos de “Femme fatale”

  1. Je suis très surpris que tu expédies ce film aussi vite. Mon souvenir est trop éloigné pour que je puisse argumenter, mais j’ai le souvenir d’une grande réussite formelle. Et puis, mettre Lelouch dans un texte sur de Palma, c’est comme mettre du Nutella sur une tartine de foie gras, même si Femme fatale appartient à une période de films plus mineurs, jusqu’au retour au sommet avec le trop peu connu Redacted (2007).

  2. Alors Nutella et foie gras, j’ai jamais fait (beuah !).

    Mais non, la proposition de De Palma n’est pas très bonne. C’est une suite de séquences très méticuleuses en terme de mise en scène mais qui sont loin d’être égales. Celle du festival de Cannes est la plus efficace car elle nous emporte tout de suite. Celle de Banderas sur son balcon vu d’une caméra montée sur une grue et suivie d’un split screen nous donnant à voir son contrechamp est superficielle et le point de vue peu probable. Les acteurs ne sont pas non plus très bons : Banderas ne sachant pas où regarder et se passant dix fois la main dans les cheveux, les Français en font trop (Thierry Frémont est mauvais).

    Je vois davantage Lelouch dans Femme fatale (jeu du destin, chaque pièce de la mécanique en place pour le grand ralenti final) que dans Tree of life de Malick comme j’ai pu le lire (bien que je n’ai pas vu Viva la vie, 1983).

  3. Je suis d’accord avec vous, De Palma se (et nous) fait plaisir avec ces superbes plans de Rebecca Romijn-Stamos,et le premier plan-séquence est scotchant, mais c’est vrai que le film est désespérément creux au final !

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