Eternal sunshine of the spotless mind

Michel Gondry, 2004 (États-Unis)

Souvenirs à trier. Dans des cartons étiquetés pour les conserver, dans des sacs poubelles pour les jeter. Michel Gondry, entre les Etats-Unis (Human nature, 2001) et la France (La science des rêves, 2006), parfois même ailleurs (Tokyo !, 2008), bricole des films plein de candeur où les productions de l’imagination foisonnent dans le monde réel comme une folle végétation. Joel et Clémentine (Jim Carrey et Kate Winslet) se baladent dans les méandres de l’esprit pour échapper à l’entreprise Lacuna inc. chargée par Joel d’effacer les souvenirs qu’il avait en commun avec cette fille gentille à la couleur de cheveux aléatoire. Joel voulait effacer Clémentine. Maintenant il ne veut plus. Il découvre en effet que, quelle que soit la perte, les souvenirs sont aussi un refuge agréable.

Lacuna inc. propose de faire le tri dans les images mentales de ses clients. La boîte, entre le cabinet médical et le stock d’archives, est tenue par le docteur Mierzwiak (Tom Wilkinson), ses assistants (Mark Ruffalo et Elijah Wood que l’on n’attendait pas là) et la secrétaire Mary (Kirsten Dunst). Une machine à nettoyer le cerveau d’un indésirable vécu ? Pour quoi faire ? Gondry en montre justement l’inutilité avec l’histoire de Mary qui, tombée amoureuse d’un docteur marié et avec lequel toute relation autre que professionnelle était impossible, avait déjà gommé les traces gênantes de ces sentiments. Elle retombe amoureuse de son patron… Mieux vaut donc affronter ses erreurs ou ses ratés sentimentaux.

Pour revenir sur le lieu de la première rencontre entre Joel et Clémentine, une plage, le réalisateur construit un labyrinthe proche de la circonvolution cérébrale à partir des différentes pièces traversées et des rayonnages d’une librairie (les bouquins deviennent blancs après effacement du souvenir). Après une déambulation qui, sans cloison entre les pièces, nous a donc permis de dresser une topographie de l’esprit de Joel, Eternal sunshine commence et finit sur cette plage. Michel Gondry nous promène sur une plage de souvenirs, un lieu où il n’est pas désagréable de revenir tremper ses pieds. De la sorte, le réalisateur aurait localisé la nostalgie.

Par ailleurs, on imagine assez aisément Gondry invoquer ses propres souvenirs (la cuisine très années 1970, les jeux d’enfants…). Le réalisateur adapte pour la seconde fois (Human nature) un scénario de Charlie Kaufman (amateur des visites intérieures, Dans la peau de John Malkovich, 1999) et confirme par ce deuxième long ses talents de metteur en scène et sa capacité à transformer le quotidien en un délire plutôt heureux.

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Une réponse à “Eternal sunshine of the spotless mind”

  1. Je me souviens…
    … que j’avais bien apprécié ce film, vu à sa sortie, ainsi que l’histoire compliquée qu’il contient (la situation éternelle du « quand tu veux, je ne veux plus; quand je veux, tu… »).

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