Elle s’appelait sarah

Gilles Paquet-Brenner, 2010 (France)




La rafle du Vel d’Hiv inspire les réalisateurs français en 2010. En effet, après La rafle de Roselyne Bosh, c’est au tour de Gilles Paquet-Brenner de s’attaquer à cet événement en adaptant le roman à succès de Tatiana de Rosnay. Lors d’une enquête sur ce drame, une journaliste américaine, vivant à Paris avec son mari français et leur fille, découvre que l’appartement dont ils ont hérité serait lié aux événements de juillet 1942. Vite, ses recherches la mènent sur la trace d’une petite fille juive qui a semblé échapper à la mort.

L’histoire racontée est imaginaire. Mais les déportations de 1942 en France ne sont que trop réelles. Certains penseront que des séquences (comme celle du Vel d’Hiv proprement dit ou des camps de transit) sont un peu trop similaires à La rafle. Pourtant, je pense que l’auteur a voulu montrer d’autres aspects. Il pose ainsi davantage la question du comportement des Français face à ces événements. Certains se réjouissent et sont de zélés délateurs (telle cette femme applaudissant les arrestations à sa fenêtre). Beaucoup restent indifférents. Une petite minorité, enfin, souvent après beaucoup d’hésitation, aident les déportés à fuir ou à se cacher au péril de leur vie (comme ce gendarme, soulevant les barbelés du camp pour permettre  aux enfants de s’échapper ou ce couple de paysans qui adopte et cache la petite fille). Gilles Paquet-Brenner montre également comment cette période est restée taboue toutes ces décennies et jusqu’à nos jours. La rafle du Vel d’Hiv, comme les secrets de famille auxquels se heurte la journaliste feraient partie de ces secrets dont il ne fallait pas parler.

Le film est donc passionnant de bout en bout. L’angoisse et l’émotion sont intenses. Kristin Scott Thomas est encore une fois éblouissante. De même Niels Arestrup. Mais il ne faut pas oublier la jeune Mélusine Mayence qui interprète de manière très convaincante le rôle difficile de Sarah. Elle s’appelait Sarah est une œuvre poignante qu’il faut découvrir.

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5 commentaires à propos de “Elle s’appelait sarah”

  1. Oui, forcément, on pense inévitablement à La rafle… C’est normal car c’est n film traitant des mêmes évènements dramatiques et la comparaison est inévitable. Et à titre de comparaison, le film de Gilles Paquet-Brenner m’a paru bien supérieur. Déjà, lorsque l’époque de la rafle du Vel d’hiv’ est évoquée, ce n’est que par flash-backs – certes conséquents – et non pas une reconstitution que j’ai trouvé parfois trop « carte postale » dans le film de Roselyne Bosh. Autre différence, mis à part Niels Arestrup dans le passé, aucun visage contemporain d’acteur trop connu ne vient interférer le poignant déroulement du récit.

    J’ m’explique. J’ai personnellement toujours de mal dans les films traitant d’évènements passés bien précis à reconnaître des visages connus, si bons soient les acteurs/ices. Ainsi, dans La rafle, même si j’apprécie la plupart des acteurs présents -une fois de plus-, voir Mélanie Laurent, Jean Reno ou encore Gad Elmaleh me donne une distance avec les évènements reconstitués car je ne peux m’empêcher de voir avant tout ces figures ô combien connues avant leurs personnages. Et donc, je suis moins touché par le propos. Alors, dans un film comme Inglourious basterds, à la limite du burlesque, voir Bradd Pitt et autres ne me dérange absolument pas, mais dans ce cas précis oui. Et puis, rien de plus agaçant que d’entendre au cinéma chuchoter toutes les dix minutes  » tu l’as reconnue ? Mais siiii, c’est Sylvie Testud, tu sais celle qui jouait Françoise Sagan ! « .

    Elle s’appelait Sarah est profondément touchant, bouleversant. J’en suis sorti la gorge nouée, surtout après la scène finale au restaurant que je ne révèlerai pas. Et, désolé pour ces multiples comparaisons, bien plus poignant que La rafle. Kristin Scott Thomas est toujours aussi juste (je me souviens encore très bien de ces rôles dans Partir et surtout dans Il y a longtemps que je t’aime… Quelle actrice !), et idem des autres acteurs. Et puis le film n’a heureusement ni ce côté carte postale, ni l’ambition de vous donner un cours d’histoire « pour que tout le monde se souvienne ». Comme tu l’as dit Etienne, c’est une fiction basée sur des faits réels. J’ai adoré.

  2. J’ai beaucoup aimé ce livre : il m’a véritablement transporté, j’ai voyagé dans le temps avec lui ! J’ai beaucoup aimé les personnages et la façon de l’auteur d’aborder ce sujet difficile…

    Que du plaisir !

    J’aime beaucoup ton article, je reviendrais 😉

    Bonne continuation !!!

  3. Gilles Paquet-Brenner n’était pas connu pour ses films historiques (Gomez vs Tavarès, 2002…) mais il s’en tire à peu près ici.
    Ce n’est toutefois pas le film passionnant ni poignant que tu décris. A l’inverse, ce n’est pas non plus La rafle.

    Le film manque surtout de mieux traiter le devoir de mémoire bien que tous les éléments y soient pour le faire : les lieux de mémoire visités (Mémorial de la Shoah et le boulevard de Grenelle), les archives familiales, l’intervention du chef de l’Etat en 1995 sur la responsabilité de Vichy…

    Alors pourquoi Paquet-Brenner passe à côté du sujet ? Certainement en raison de l’histoire personnelle de cette journaliste qui mène l’enquête, histoire venant gêner le récit construit autour de cette petite juive victime de la rafle. Et puis j’ai trouvé la fin lourde, le rapport malsain que Kristin Scott Thomas enceinte finit par entretenir avec cette Sarah, puis après la naissance de sa fille et sa nouvelle vie aux Etats-Unis.

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