Dirty dancing

Emile Ardolino, 1987 (États-Unis)

« Dans un riche établissement de vacances organisée, une adolescente de bonne famille s’initie à l’amour et à la danse dans les bras d’un jeune prolo, animateur-gigolo fringant mais vulnérable. Au programme, parfum de sixties, numéros chorégraphiques torrides, amours adolescentes et personnages secondaires servant de repoussoirs aux héros, le tout agrémenté d’un soupçon de critique sociale qui s’évapore à la faveur d’un dénouement sirupeux et démagogique ». C’est ainsi que commence la courte critique de Jacques Valot parue dans le numéro de janvier 1988 de La revue du cinéma et, en effet, le film correspond plutôt bien à la présentation. Outre « le cinéma pasteurisé » et « hyper-ciblé », on retiendra aussi la « candeur roublarde » par laquelle le critique conclut sa notule et se débarrasse du film.

30 ans ont passé et ce qu’ignorait certainement Valot au moment de sa critique, c’est que ce petit film, sans véritable budget et auquel personne ne croyait, est loin d’avoir disparu dans les remises oubliées du film de danse (ce que ne démentent pas les bonus exclusifs de l’édition spéciale concoctée par ESC, Génération Dirty Dancing et Joyeux 30e anniversaire Dirty Dancing). Le succès fut tel que le film resta à l’époque plusieurs mois à l’affiche. Plusieurs scènes font depuis référence, en tout cas dans la culture populaire. De même, au moins deux titres de la bande originale sont devenus cultes : She’s like the wind, écrite et interprétée par Patrick Swayze, et The time of my life interprétée en duo par Bill Medley et Jennifer Warnes.

Il faut dire que tout cela se tient. Et je ne parle pas seulement du célébrissime porté final. L’histoire est simple, la progression bien menée et les personnages sont plutôt attachants (Patrick Swayze en particulier). La danse elle-même n’est pas si mal filmée. Emile Ardolino n’est pas tout à fait étranger au sujet puisqu’il a commencé son travail de réalisateur avec Pionniers de la modern dance en 1977. Il filme les corps sans oublier les pas, saisit la complicité des danseurs même si celle-ci, il est vrai, déborde dans le film le seul domaine de la scène. Les acteurs Jennifer Grey et Patrick Swayze étaient danseurs avant Dirty dancing et Ardolino comme Kenny Ortega, le chorégraphe, ont très bien su composer avec cette expérience (ce qu’il rappelle dans un entretien placé en bonus, Swayze possédait une très solide formation de danseur classique). Par ailleurs, trente ans plus tard, l’époque actuelle retiendra volontiers le rôle fort de Bébé. Le scénario signé Eleanor Bergstein, fait de Frances « Baby » Houseman (en vo) la fille grâce à qui Johnny Castle finit par s’affirmer et se rendre indépendant. De plus, pour l’anecdote, c’est elle qui lui met une main au fesse et qui se montre à son égard particulièrement entreprenante.

Dix ans après La fièvre du samedi soir (Badham, 1977), Dirty dancing gagne aisément sa place parmi les films de danse moderne, notamment ceux nés dans les années 1980. La vallée du bonheur des comédies musicales est loin derrière. En 1980, Xanadu de Greenwald, qui est le dernier film avec Gene Kelly et dont la chorégraphie est aussi signée Kenny Ortega, était malheureusement vieux dès sa sortie. Place donc à Fame (1980), Flashdance (1983), Footloose (1984) et… Dirty dancing. Des productions qui ont marqué la génération qui est aujourd’hui celle des quadras (voire même de leurs parents qui n’auraient pas résisté aux déhanchés ravageurs)… Quant à l’édition du 30ème anniversaire, avec ses bonus karaoké et son cours de danse, elle est parfaite pour qui veut emballer à la manière d’Alex Lippi dans L’arnacœur (2010). Le résultat n’est pas garanti, le héros de Chaumeil ne réussit d’ailleurs pas tout, mais avec le film on peut néanmoins s’assurer d’animer une soirée de façon plutôt originale.

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2 commentaires à propos de “Dirty dancing”

  1. Un film trop sous-estimé ringardisé par des moqueries souvent machistes. A y regarder de plus près ça reste un film plus profond qu’il y parait avec en prime des séquences endiablées.

  2. J’ai toujours aimé ce film (j’aime également le 2, mais, là, c’est plus inexplicable) et j’adorais Patrick Swayze, qu’il joue les videurs expéditifs de boite de nuit (dans Roadhouse), ou les aventuriers dans le téléfilm Allan Quatermain.

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