Cronos (La invención de Cronos)

Guillermo del Toro, 1993 (Mexique)

Quelques plans en préambule et le mystère a déjà planté son dard sur la pellicule. A Veracruz, au Mexique, l’alchimiste Umberto Fulcanelli (!), amateur de rouages subtils et d’horlogeries malignes, met au point une mécanique de longue vie qui fonctionne comme un parasite, accroché au corps et nourri de son sang.

L’objet en or a la forme d’un scarabée et abrite une larve capable de prolonger la vie humaine au-delà de ses limites naturelles. L’invention date du XVIe siècle et l’artisan qui la conçoit en profite quelque quatre cents ans… Le prologue nous apprend encore que le scarabée se perd un temps et parvient par les fruits du hasard entre les mains de Jesús Gris (!), un antiquaire mexicain (Federico Luppi), qui vit seul avec sa petite fille Aurora (Consurgens ?). Jesús ne reste pas en paix bien longtemps car la mécanique philosophale est convoitée par un autre Veracrucien, le riche industriel, Dieter de la Guardia (Claudio Brook). Cet autre vieillard a depuis des années en sa possession un manuscrit autographe de Fulcanelli qui décrit l’insecte d’or et en révèle le fonctionnement. Sa fin de vie excite ses recherches et, pour récupérer l’objet, il dépêche sa brute de neveu (Ron Perlman parfaitement à sa place dans pareil rôle) dans la boutique de Jesús, le « Grand Bazar » (de l’épouvante ?).

Fulcanelli, une petite fille pleine de mélancolie et son grand-père aux allures de Frankenstein époque Whale (1931) : Guillermo del Toro, qui n’ a pas trente ans à l’époque, concocte pour son premier long une drôle d’alchimie. En vérité, et contre toute attente, le film trouve son originalité dans sa réinvention du mythe du vampire (soif de sang, immortalité et peau corrodée au soleil) et dans son croisement avec les recherches alchimiques relatives au prolongement de la vie. Cronos verse aussi dans le plaisir coupable en insistant sur le maquillage (qui vieillit ou ajoute à l’horreur), en faisant du neveu Angel un cabotin qui se plaît à cogner et qu’aucun ne se prive de cogner (y compris la petite fille), en jouant sur des ressors scénaristiques ou des décors très attendus dans pareille histoire (la chambre de Dieter par exemple, ses appareils médicaux, sa collection d’archanges et ses bocaux d’organes).

Cronos a du mal à résister au temps. Mais il reste une curiosité. Et on comprend que les amateurs de del Toro viennent s’y gorger des ingrédients qui feront bientôt tout son cinéma.

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2 commentaires à propos de “Cronos (La invención de Cronos)”

  1. Je l’ai vu il y a assez longtemps et je n’en garde que des impressions, des débris de souvenirs à peine ranimés par cette lecture pourtant nourrissante.
    Je considère donc qu’il mérite d’être revu (ou condamné pour toujours à l’oubli).

  2. « Un scarabée d’or gigantesque grimpant le long du mur d’un palais est aperçu par un sorcier égyptien qui le jette dans un creuset : un jet d’eau en jaillit, s’égrène dans l’air, se multiplie, donne naissance à des femmes charmant es qui évoluent aux yeux du sorcier effaré et ébloui. L’eau se dissipe en buée vaporeuse tandis que des fusées montent et s’égrènent en étoiles multicolores au milieu de l’essaim féminin. » (Le scarabée d’or, Segundo de Chomon, 1907)

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