Casino Royale

Martin Campbell, 2006 (États-Unis, Royaume-Uni, Italie, République Tchèque)

Le réalisateur du Masque de Zorro (1998) s’essaye à une seconde modernisation du mythe (après Goldeneye avec Pierce Brosnan en 1995). Quoi de plus vivifiant pour lui que de se lancer dans des aventures restées inédites* ? Bond a un nouveau visage, un nouveau galbe et des façons de faire qui nous sont moins familières.

Campbell ne se satisfait pas d’une sortie de bain telle que celle d’Ursula Andress en bikini (Dr. No, 1962), ni d’une sage référence, ce que fait Lee Tamahori avec Hale Berry dans la même tenue (Meurs un autre jour, 2002). Les « girls » accompagnant James Bond ne sont plus grand chose. Qu’il s’agisse d’Eva Green ou de Caterina Murino, elles ne sont plus qu’une ombre sur l’affiche. Même les ondulantes silhouettes féminines du générique ont disparu. Daniel Craig est la première attraction, à tel point que sa musculature humide dans son petit maillot bleu (notez l’assortiment avec la couleur des yeux) demeure la seule garantie érotique du film.

Shaker ou cuillère, James se fout du Vodka-Martini. L’Aston Martin démarre à peine qu’elle se fracasse en un redoutable tonneau. Ni Q, ni gadgets, ni Moneypenny. Que reste-t-il donc au héros ? Une certaine classe et une arrogance démesurée sont préservées. Un peu d’humour lorsque le méchant terroriste (Le Chiffre – Mads Mikkelsen) lui brise les parties génitales à grand coup de corde. Il reste surtout à Bond des manières de bulldozer auxquelles le gentleman ne nous avait pas encore habitués. La première séquence en est la démonstration acharnée : une course-poursuite à Madagascar (les premiers pas de James en Afrique subsaharienne** !) où un fabricant de bombes à l’agilité de panthère tente d’échapper à l’espion sur les hauteurs des grues d’un chantier. Plus Terminator que Spider-man, Bond défonce plutôt qu’il n’évite les obstacles et, après chaque saut ou chute, ses réceptions de poids lourd écrasent par leur choc toute sa masse au sol. Grâce à ses scènes d’action, assez brutes, et les décors dans lesquels elles prennent place (l’Afrique, le Montenegro, Venise et la honteuse destruction d’une villa Renaissance…), Bond rattrape enfin ses concurrents de Mission impossible dont l’excellent troisième épisode (J. J. Abrams, 2005) l’avait laissé en bord de route las et pantelant.

En outre, il y a bien longtemps que le morceau phare de la bande originale d’un Bond n’avait pas été si entraînant. Avec You know my name et des arrangements à nouveau digne d’un 007 (cuivres et orchestre), Chris Cornell assure une chouette introduction à l’épisode.

Enfin, après une longue partie de Texas hold ’em (un bon tiers du film), Casino Royale ne s’achève pas sur un baiser ou dans un lit puisque Vesper, l’amour de l’agent secret, meurt noyée. Casino Royale ne s’achève d’ailleurs pas et, pour la fin du récit, se reporter à Quantum of solace réalisé (allez donc savoir pourquoi ?) par Marc Forster (2008).

* A condition que l’on occulte la fastidieuse adaptation comique de 1967.
** Emettons ici une réserve quant à la représentation de l’Afrique qui dans le film est résumée aux fauteurs de guerre et à la machette (Isaach de Bankolé dans un petit rôle).

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2 commentaires à propos de “Casino Royale”

  1. Sans aucun doute pour moi, le meilleur James Bond. Une excellente remise à niveau du personnage et de la franchise. Sans paraphraser Benjamin, on brise les codes établis par les anciens films, on se concentre sur des séquences d’action plus courtes et plus dépouillées mais plus violentes et intenses. Les scènes de combat à mains nues en sont un exemple. Le scénario est simple mais bien ficelé et les dialogues bien travaillés pour un film de cette catégorie (bien mieux que Quantum of solace).
    Chapeau bas à Daniel Craig qui nous livre un personnage profond, toujours aussi classe et possédant une rage insoupçonnée chez Mr Bond.

  2. Mêmes impressions pour ma part : j’ai découvert le film récemment lors de son passage télé, et tout le bien qu’on m’en avait dit s’est confirmé. Par contre sa suite… Sinon, j’aurais bien aimé un Andy Garcia voire un George Clooney en JB007 pour reprendre la classe légendaire de Sean Connery !

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