Benjamin Gates et le trésor des templiers (National treasure)

Jon Turteltaub, 2004 (États-Unis)

Chasse au trésor très molle dans laquelle se lancent d’un côté les défenseurs du patrimoine national Nicolas Cage et Diane Kruger (archiviste des Etats-Unis !) et de l’autre Sean Bean qui, lui, cherche à en tirer avidement profit.

UNE AVENTURE DE PLUS
Les premières minutes tentent de situer la légende Gates : une famille passionnée d’ « histoire » (Nicolas Cage, Jon Voight le père, Christopher Plummer, le grand-père), convaincue de l’existence du trésor des templiers (non pas des richesses provenant des dons et aumônes qui affluaient au XIIe siècle mais l’héritage du Salomon biblique) et de sa conservation par une poignée de francs-maçons ayant participé à la rédaction de la Déclaration d’indépendance américaine en 1776. L’introduction ne suscite pas l’émerveillement comme lorsque nous collections petit à petit, tout au long de ses aventures, les informations concernant le passé du docteur Jones (par exemple lors de la truculente intervention du père dans La dernière croisade, Spielberg, 1989).

Le rythme (binaire et répétitif : une aventure, une énigme à chaque nouvel indice), l’action (d’abord film de voleur puis course-poursuite), l’humour ne font pas partie des qualités du film. Ce produit des studios Disney et Bruckheimer associés est un divertissement raté. Passons là-dessus et intéressons-nous plutôt à l’évolution de ce sous-genre du film d’aventures : l’archéologie hollywoodienne.

RETOUR SUR TRENTE ANNÉES D’AVENTURES
Il doit bien y avoir des chasseurs de trésor modernes avant les années 1980, mais Steven Spielberg donne vie en 1981 à un personnage hors norme, Indiana Jones, élevé au rang de mythe en quelques années (Les aventuriers de l’arche perdue). Pour les producteurs qui avaient repéré l’engouement du public, ses péripéties sont rapidement devenues source d’inspiration. Les réalisations qui suivent sont inégales : plutôt divertissantes (A la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis en 1984, Le diamant du Nil de Lewis Teague en 1986) ou très négligeables (Allan Quatermain et les mines du roi Salomon de Jack Lee Thompson en 1985, La cité de l’or perdu de Gary Nelson en 1987). En 1989, Spielberg clôt la décennie avec La dernière croisade et, peut-être parce qu’il était difficile de faire mieux, l’aventurier archéologue s’efface complètement dans les années 1990. Il réapparaît en 1999 sous les traits de Brendan Fraser, bellâtre inexpressif (Rock Hudson ayant bronzé un été sur les plages d’Alerte à Malibu, 1989-2001), dans La momie de Stephen Sommers. C’est un succès, le film est très mineur, amusant et sans prétention, mais ses suites ne le valent pas (Le retour de la momie, Sommers, 2001 et La tombe de l’empereur dragon, Rob Cohen, 2008). En 2001, une bombe sexuelle tout droit sortie d’un jeu vidéo participe aussi à la réanimation du genre : une tenue moulante, les mystères des civilisations passées, davantage d’actions et de paysages exotiques… Lara croft-Tomb Raider (2001 et 2003) qui n’invente rien non plus. Enfin, Spielberg sort le docteur Jones de sa retraite en 2008 (Le royaume du crâne de cristal) et conclue cette autre décennie sans toutefois faire l’unanimité.

PETIT GUIDE AMÉRICAIN
Entre temps, arrivé en 2004, qui est Benjamin Gates ? N’est-il qu’une copie, moins chère et moins bonne de l’aventurier archéologue ? Un simple épigone ? Dans la seconde séquence du film, notre amateur d’art et d’histoire dynamite l’épave d’un bateau du XVIIIe siècle, son armement et son mobilier sur la banquise. Ai-je dit amateur ? Oui mais sélectif. Le titre original donné à ses aventures est « National treasure ». Ainsi, le héros et la belle archiviste sortent gants et pincettes pour manipuler la Déclaration d’indépendance des treize colonies. Aux yeux de Gates, seuls quelques documents sont précieux, ceux qui fondent les Etats-Unis en particulier. Nous ne nous étonnerons donc pas en constatant que les symboles de l’Etat et les grands hommes qui l’ont fait parcourent le film : le Capitole, l’obélisque en l’honneur de Washington, le Lincoln Memorial, la Bibliothèque du Congrès, Benjamin Franklin, le dollar… Petit rappel de ce qu’ont été les Etats-Unis et leurs valeurs dans la tourmente des années 2000 ? Visite de la première puissance mondiale transformée en musée ou en parc d’attraction pour ses aventuriers (National treasure land) ?

Marre des forêts équatoriales et des tribus lointaines ? Marre de parcourir le monde ? Benjamin Gates est un aventurier d’un autre type : un archéologue patriotique, un peu guide touristique et, parce que Robert Langdon l’a précédé (Da Vinci code, Anges et démons de Ron Howard en 2004 et 2009), adepte d’une théorie du complot sans aucune originalité.

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Une réponse à “Benjamin Gates et le trésor des templiers (National treasure)”

  1. De ce que je m’en souviens, assez divertissant pour ma part. Le film n’invente rien, Nicolas Cage est toujours aussi fade, le scénario est couru mais on passe un bon moment.
    Bien plus en tous cas qu’avec sa suite totalement ratée (Le livre des secrets). Dans tous les cas, je suis assez d’accord, bien bien bien en-dessous d’un Indiana Jones (sauf peut-être le dernier…).

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