Si tu tends l’oreille (Mimi wo sumaseba)

Yoshifumi Kondo, 1995 (Japon)


Quand Benjamin nous a proposé d’écrire sur un film pour fêter les dix ans de ce blog, j’ai pensé à ces marqueurs qui constituent, pour chacun d’entre nous, les étapes-clé de la construction d’une cinéphilie. Pour moi il y eut par exemple Bresson : le premier qui me fit découvrir qu’on pouvait aimer le cinéma ancien sincèrement, intensément, et non avec ce froid respect culturel, comme on le fait au musée, le doigt sur le menton… Il y eut aussi Devdas (Bhansali), qui me fit retoucher du doigt une sensation d’émerveillement total, que je pensais à jamais enterrée avec l’enfance, et dont j’avais en quelque sorte fait le deuil. Ou encore Jambon Jambon (Lunas), vu jeune adolescent, qui me fit comprendre que l’excitation érotique au cinéma n’était pas ce plaisir coupable dont le film serait l’hypocrite excuse, mais l’une de ces choses intimes et essentielles qu’un cinéaste, qui n’a qu’une vie, a pour première urgence de nous transmettre… Continuer la lecture Si tu tends l’oreille (Mimi wo sumaseba)

Le cinéma d’Idrissa Ouedraogo

Coffret Enfances de l’art (Pom Film, 2008)
– Yaaba (Grand-mère), 1989 (Burkina Faso, France, Suisse)
– Tilai (La loi), 1990 (Burkina Faso)
– A Karim Na Sala (Karim et Sala), 1991 (Burkina Faso)
– La colère des dieux, 2003 (Burkina Faso, France)

ENFANCES DE L’ART

Idrissa Ouedraogo est l’un des grands noms du cinéma africain. Et puisque le terme est très vague, affinons la définition en disant qu’il est l’un des grands réalisateurs du cinéma d’Afrique sub-saharienne, de ce cinéma d’une grande vitalité venu de pays marqués par la colonisation, surtout française. Un cinéma qui a cristallisé à partir de 1969 autour du fameux FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) au Burkina Faso (ancienne Haute-Volta aux temps bénis etc.) et qui a conquis les écrans du monde entier par son ambition et son exigence. Continuer la lecture Le cinéma d’Idrissa Ouedraogo