Les amours imaginaires

Xavier Dolan, 2010 (Canada)


Les amours de Marie et Francis pour Nicolas nous contaminent (Monia Chokri, Xavier Dolan, Niels Schneider). De même, l’amour affiché de Dolan pour le cinéma ne nous laisse pas insensibles. Le film est un mélange bien arrangé de tableaux divers : témoignages attablés d’amours naissants ou déçus, aveux monochromatiques et alités, aventures pop et colorées de Marie et Francis, l’ensemble mis en boucle. La forme prime et nous ravit. Quand Harry rencontre Sally (chapitres et témoignages), Jules et Jim, Breakfast at Tiffany’s, Elephant, Abrazos rotos… Dolan met en exergue une maxime d’Alfred de Musset : « Il n’y a de vrai au monde que de déraisonner d’amour ». Et si nous échangions amour et cinéma à l’occasion ?

Le plan chipé à Won Kar-Waï, faisant de Monia Chokri dans sa robe serrée la fraîche copie de Maggie Cheung, rappelle par son arrière-plan (la peinture enfantine d’une palissade) le jeune âge du réalisateur québécois (né quand Harry rencontrait Sally, deux ans après Fatal attraction). Comme [il a] tué [s]a mère (2009), peut-être faudra-t-il attendre qu’il ait aussi tué ses pères pour estomper ses citations. Toutefois, au risque de faire déborder son film, Dolan ne se contente pas de cinéma et mêle des références de tous horizons. Il ancre ainsi de magnifiques plans dans nos esprits : l’éphèbe Nicolas devenu David florentin, l’érotisme des corps revu à travers le crayon de Cocteau, une pluie de Chamallows sur le blondinet…

Trois plans plutôt qu’un, une angoisse surlignée, parfois (rarement), la réalisation est trop nerveuse, narcissique à l’excès. Alors on se met à douter. Notre amour pour le Québécois sera-t-il éphémère ? Qu’importe, à cet instant, les charmes de cette découverte ne sont en rien entamés. Sa sensibilité et son humour (la fin moqueuse est irrésistible), la langue étonnante qu’il fait entendre, tout nous plaît !

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3 commentaires à propos de “Les amours imaginaires”

  1. Avais-tu vu le premier film de Dolan ?

    J’ai aimé celui-là aussi, mais l’ai trouvé plus en surface, avec moins de choses à dire, plus contemplatifs. Mais il conserve pour autant bcp de qualités 🙂

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